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Se réjouir de la joie

© Aron Paris, Jésus notre joie

Le 14 décembre 2025      3e dimanche de l’Avent, année A – Mt 11, 2-11

Lectures du jour

Dimanche de la joie, beaucoup plus pour tant de personnes qui ont connu des changements majeurs dans la vie et cela comme signe du Christ/ Messie attendu en la personne de Jésus. Nous pourrions nous identifier à ces personnes, mais osons aussi nous identifier au prophète Jean le Baptiste qui a longtemps travaillé à l’attente du Messie. La situation de Jean dans l’évangile de ce dimanche me fait penser à un monsieur. Ce n’est peut-être pas comparable, mais les comparer peut donner à revenir à soi lorsqu’on pense à comment être concerné par la réussite et la joie des autres même quand on est soi-même dans la peine. Ce monsieur aimait raconter qu’il prêtait son vélo à un jeune homme qui s’en servait pour aller à l’école. Devenu important, le jeune homme aidait plusieurs personnes à réussir, mais semblait oublier monsieur dans sa situation restée peu enviable.

Portons deux regards sur ces situations et en particulier dans l’épisode évangélique d’aujourd’hui pour voir comment être concerné ou pas par le succès et la joie sans forcément être en état de joie. Pour un premier niveau de regard, la façon dont Jésus apporte la joie au monde semble déroutante par rapport à la situation de son précurseur et coach Jean le Baptiste qui est en prison. Comme celui-ci, nous aurions pu envoyer des émissaires à Jésus pour lui demander: es-tu celui de qui nous attendions le dénouement de nos situations? Différemment de Jean, il semble que nous blâmerions Jésus d’avoir dérouté les attentes que nous avions de lui alors qu’il dénoue les situations des autres sans visiblement se préoccuper des nôtres.

On peut convenir que cette récrimination exprime une attente légitime d’être en joie et de bénéficier comme les autres des moyens disponibles ou déployés pour cette joie. En même temps, cette réclamation met en lumière des angles morts de la solidarité humaine et de l’intervention divine dans des situations de peine comme dans celles de joie. D’une part, Jésus semble moins solidaire de Jean en prison alors qu’il prend la peine de pointer vers les transformations advenues chez d’autres personnes. C’est comme s’il approuvait la fin tragique des prophètes pourvu qu’ils parlent avec endurance de la part de Dieu. D’autre part, on aurait pu penser que Jean aussi se montre moins solidaire de la joie des autres en faisant détourner le regard de Jésus des situations joyeuses des autres pour le retourner vers lui, Jean, situé dans la peine. Voilà pour un premier point de vue.

En portant un second regard, on peut estimer que même dans sa peine, Jean a pu se sentir concerné par le succès et la joie des autres, y compris de Jésus. La réponse de Jésus à ses envoyés confirme d’une certaine façon cette solidarité de Jean qui regardait Jésus en le formant comme porteur de joie pour tout le monde; sinon Jésus lui-même serait passé pour un indifférent sélectif face à la souffrance. S’il n’intervient pas instantanément auprès de Jean, c’est fort probable pour signaler une nouvelle approche de la joie qui ne réside pas dans la monnaie réclamée ou rendue, mais consiste bien à se sentir concerné par la joie ou la peine de qui que ce soit et à l’être effectivement à tout moment opportun. Qu’est-ce que cette vision nous apporterait? Par elle, nous pouvons entre autres espérer le passage effectif de l’indifférence à l’amitié et voir des tensions s’estomper en plusieurs endroits du monde.

En somme, cette compréhension nous conduit à affirmer le Christ comme étant notre joie. À la manière de Jean le Baptiste et à celle de Jésus, il nous semble bénéfique et vital d’approcher le succès de sorte à en être concerné sans nécessairement être en situation de joie. Ainsi, au lieu de réclamer la monnaie ou la rendre, nous ferions en sorte que la peine partagée soit diminuée voire éradiquée et nous oserons partager la joie pour l’augmenter.

Sadiki Kambale Kyavumba, Augustin de l’Assomption