20 décembre 2020 4e dimanche de l’Avent B – Luc 1,26-28
Le récit de l’Annonciation et la prophétie de Nathan au roi David se complètent et nous livrent un message important dont on peut retenir au moins trois choses :
Dieu n’a pas d’adresse fixe
Il habite les cœurs pauvres et
Il attend notre consentement pour venir en nous.
Dieu sans adresse fixe
Le roi David, après avoir pacifié le royaume, trouve inadmissible de vivre dans un palais alors que l’arche d’Alliance, signe de la présence de Dieu, est gardée sous une tente. De là son désir de construire un temple digne de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
Dieu envoie alors le prophète Nathan rappeler à David que c’est lui, le Seigneur qui l’a choisi. De berger qu’il était, il en a fait le roi d’Israël. Il va maintenant lui offrir une maison et non l’inverse.
« Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même un maison. … Je te susciterai dans ta descendance un successeur … Je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. »
La maison que le Seigneur promet n’a rien à voir avec le temple auquel avait songé David. La maison de Dieu n’est pas de pierre.
Par son intervention, Dieu signifie qu’on ne peut l’enfermer dans un édifice, si beau soit-il. Dieu n’a pas d’adresse fixe. Il n’est enfermé nulle part et on peut le rejoindre partout. David voulait honorer Dieu par un temple beau et riche. Dieu révèle que la plus grande de ses richesses, c’est le cœur de l’être humain qui demeure le temple qu’il préfère.
Les temples, nos églises, demeurent nécessaires, mais ces édifices ont une fonction utilitaire : ils servent à rappeler la présence universelle du Créateur ; ils offrent un cadre invitant à la prière et permettent au peuple de se rassembler et d’écouter ensemble sa Parole de Dieu pour s’y conformer. De là l’importance de nos églises.
Lorsque les circonstances entraînent la destruction ou la fermeture des lieux de culte, cela ne nous prive pas de la présence de Dieu, car c’est en nous qu’il demeure. Où que nous soyons, Il est là.
Dieu habite le cœur
Par la bouche du prophète Nathan Dieu s’engage à construire pour David une maison, mais la maison qu’Il lui promet n’est pas un édifice. « Je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. »
La maison de Dieu est une personne, pas un lieu, pas une chose. La maison de Dieu est une famille rassemblée en Jésus. Saint Paul applique l’image à tous les disciples de Jésus.
« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, et ce temple c’est vous. » 1Co 3, 16-17 Tob
Le Seigneur habite dans le cœur qui s’ouvre à lui. Les contingences d’espace et de temps n’ont plus d’importance. Les disciples que nous sommes forment le temple de Dieu. Ensemble, nous sommes le temple de Dieu. Nous cessons de l’être en nous isolant ou en nous divisant.
Dieu demande notre collaboration
Pour réaliser son projet de rassembler l’humanité en un seul corps qui soit son temple, Dieu compte sur la collaboration. Marie et Joseph nous en fournissent le plus bel exemple.
Marie, comme toutes les jeunes femmes de son temps attendait le Messie. Comme ses contemporains, elle imaginait sans doute un messie qui viendrait avec puissance libérer son peuple.
La salutation de l’ange Gabriel la bouleverse. Pourquoi elle, jeune femme inconnue dans un village ignoré de tous et par surcroit mal famé ? Bouleversée, Marie cherche à comprendre. Il ne s’agit rien de moins que la réalisation de la promesse faite à David. L’ange Gabriel le dit clairement: « Le Seigneur lui donnera le trône de David son Père; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Elle interroge l’ange Gabriel, l’envoyé de Dieu ; elle veut comprendre comment concilier sa situation actuelle avec ce qui lui est demandé. En répondant « oui » elle ignore ce à quoi cela va l’entraîner. Mais confiante dans la demande qui vient du Seigneur, elle répond « oui ». Elle permet ainsi à Dieu d’honorer la promesse à David et, à travers lui, à tout son peuple. Elle dit « oui » à ce qui paraît impossible. Mais Gabriel la rassure : « Rien n’est impossible à Dieu. »
Pour que l’enfant à naître soit rattaché à la lignée de David, il lui faudra un homme de cette lignée qui accepte de l’adopter. Un ange demande à Joseph, de la lignée de David, d’adopter l’enfant en prenant Marie chez lui. En Israël, l’adoption intégrait véritablement l’enfant.
Les projets de Dieu se réalisent toujours par la disponibilité des humains, celle de Marie et de Joseph, et . . . la nôtre.
Joseph sait que l’enfant n’est pas de lui; ce fils que l’ange lui demande d’adopter a l’Esprit de Dieu comme géniteur : il a Dieu pour père. Joseph, l’homme juste, tout imprégné de la loi de Dieu, pense renvoyer Marie : il ne veut pas interférer dans les projets de Dieu.
Là encore, l’ange demande sa collaboration. L’enfant que porte Marie vient de Dieu. Pour Joseph, Marie est comme l’épouse du Dieu Tout-Puissant. De là l’infini respect que Joseph a porté à Marie et son engagement total pour protéger l’enfant et la mère.
Marie porte le fils de Dieu en elle. On peut la considérer comme le 1er tabernacle, le 1er nouveau temple, la nouvelle maison de Dieu. Elle devient le modèle de la personne qui laisse le Christ venir en elle. À l’instar de Marie nous sommes invités à laisser le Christ venir en nous, à enfanter Dieu dans ce monde qui nous entoure.
Conclusion
Frères et Sœurs, dans quatre jours nous allons célébrer la naissance de Jésus. Cette 1ère venue a déjà modifié le cours de l’histoire. Nous avons là une raison suffisante de nous réjouir et de rendre grâce.
Mais la naissance de Jésus se poursuit : Il continue de naître en chacun et chacune d’entre nous ; Il vient au monde par nous, par vous, par moi. Voilà pourquoi nous voulons aujourd’hui ouvrir notre cœur à sa présence et, comme Marie, enfanter le Christ pour notre entourage. Si nous doutons de nos capacités, retenons la remarque de l’ange devant les inquiétudes de Marie: « rien n’est impossible à Dieu ».
En communiant tout à l’heure à son corps, nous devenons, comme Marie, les temples du Seigneur. Notre corps peut bien subir l’usure du temps et perdre de sa vitalité. Il demeure toujours le temple du Seigneur. Marie a donné naissance dans une grotte, une étable, dans le dénuement le dénuement le plus complet. Alors n’ayons pas peur de notre pauvreté et accueillons le Seigneur.
Marcel Poirier, assomptionniste
Ce retour à la vie qui en dit long