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LA VERTU D’ESPÉRANCE

Billet éditorial, dimanche 4.05.2025
Monique Lortie MA phi (lortie.monique@gmail.com)

Depuis les Fêtes, depuis le jour de l’An, bref, depuis le tout début de l’année 2025, un mot étrange circule dans l’Église. Ce mot, qui sonne à la fois familier et étrange, on l’entend prononcer partout. On le voit écrit partout dans l’univers catholique: «Cultivez l’espérance», «L’espérance et le prochain», etc., jusqu’à – et c’est ce qui m’a poussée à me pencher sur le sens de ce mot – «Espérance et vieillesse»… où il était surtout question des bobos qui sont, avec raison ou pas, associés à la vieillesse…

Une petite réflexion, déjà, pourrait nous orienter: les humains sont libres, en tout cas, les humains ont le sentiment d’être libres. Sinon que feraient-ils? Rien du tout: les humains sont nés libres pour pouvoir agir. Pour devenir musiciens, bâtisseurs de cathédrales, éducateurs, découvreurs, inventeurs… Toutes choses qui se réalisent dans le présent – nous vivons dans le présent – mais nous espérons que nous aurons un demain, et un autre demain, un avenir, quoi, pour pouvoir achever la tâche de ce jour. Dans l’espérance dynamique de la continuer.

D’où il ressort que si l’avenir n’existait pas, si nous étions enfermés dans le présent qui bascule sans cesse dans le passé, comme dirait saint Augustin, l’espérance n’existerait pas. On comprend alors que ce serait la fin de tout.

En effet, tout ce qui vit est saisi par l’espérance: la nature qui était comme morte en hiver «espère» le soleil du printemps, les écureuils qui fouillent le sol au printemps dans l’espérance d’y retrouver les glands qu’ils ont cachés en automne. «Le passé nous soutient, dit le littéraire[1], mais l’avenir nous aspire».

L’espérance, dit encore notre littéraire, «est la plus belle des vertus»: elle montre le secret, la clé, qui nous pousse à vivre: le désir.

Il y a dans le monde que nous vivons aujourd’hui des doutes, des fatigues, des peurs, des désespoirs, en somme, des questions sur le sens de ce monde-ci alors que le cœur nous dit qu’il doit bien y avoir autre chose…

Et voilà notre humain cherchant, désirant une oasis à l’abri du stress quotidien. Le désir, l’espérance qu’il y ait un demain, et un autre, et encore un autre comme un signe d’espérance d’une vie éternelle. D’une éternité. Ainsi, il n’est pas faux de dire que «tout homme et toute femme porte en lui ou elle le désir d’immortalité.»

Pour les chrétiens, la prière devient un moyen de cultiver cette espérance. Si comme il est dit, cette espérance est une vertu, alors il nous faut ici reprendre les mots de Cicéron et la «cultiver comme le paysan responsable cultive sa terre, son bien».

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[1] Jean d’Ormesson.