Le 18 mai 2025 5e dimanche de Pâques, année C – Jn 13, 31-33a.34-35
Certaines paroles, les personnes qui les prononcent et la manière de les dire peuvent soutenir l’une ou l’autre de nos pratiques notamment quand nous nous interrogeons sur leur pertinence. Alors qu’une personne questionne sa participation aux assemblées eucharistiques, la manière dont l’autre parle du bénéfice qu’elle en tire peut redonner du souffle à la première. La façon dont Jésus aborde le commandement de l’amour peut-t-elle apporter une impulsion de type pascal à ses disciples se demandant s’ils doivent suivre les commandements d’une part et aimer d’autre part?
Remarquer l’habileté de Jésus
Dans un premier temps, le disciple usant de son intelligence remarque que Jésus nomme ensemble le commandement et l’amour. Par cette nomination, Jésus fait cohabiter habilement la croyance juive en Dieu de la Torah avec celle au Dieu d’amour parfois opposées l’une à l’autre. On dirait qu’il réagit de façon impulsive à la sortie de Judas au cours du repas pascal, un Judas attaché à la croyance au Dieu de la Loi et mécontent de prétendre voir Jésus réduire les commandements au repas dit agapè. Au lieu d’une telle réaction, Jésus tourne la page à l’épisode éprouvant de la sortie de Judas en évoquant sa gloire à lui Jésus. Il prévoit l’actualisation de celle-ci par le commandement de l’amour qu’il nomme par après, mais pour désigner le repas pascal que ses disciples le désirant mettront en œuvre et poursuivront comme communion avec lui.
Se dire qu’il y a de quoi
En deuxième temps, l’évocation par Jésus de la reconnaissance des disciples pour leur pratique de l’agapè raisonne à leurs oreilles comme une musique d’apaisement et de victoire faisant écho à la gloire de Jésus. Cette évocation rencontre leur désir profond et parfois non exprimé d’accomplissement et de reconnaissance. Ainsi par cette évocation de la reconnaissance, ils se disent qu’il y a quelque chose d’intéressant avec le commandement de l’amour. Comme Jésus présente ce dernier, c’est quelque chose qui est à la portée des disciples. On aurait pu dire qu’il n’y a même pas de commandement, mais qu’il suffit d’aimer en partageant le repas avec les autres pour être reconnu. De même que les idées, les paroles et les actes se commandent mutuellement, on peut affirmer que la pratique de l’agapè procède de l’idée et de la parole qui la commandent. Ne rien dire à ce sujet de la part de Jésus aurait empêché ses disciples à pratiquer l’agapè, à moins de le faire à partir d’une idée infuse attribuée à Dieu. Sans l’imposer, son commandement de l’amour apporte aux disciples une sorte d’appui, quelque chose de spécial auquel ils n’auraient pas pensé et qu’il leur faut pour s’accomplir.
Oser aimer comme Jésus
Dans le troisième temps, c’est aux disciples de saisir le commandement de l’amour de Jésus et d’oser le mettre en pratique. Apparaissant comme la seule façon d’obtenir la reconnaissance, ils n’auraient pas mille raisons de ne pas aimer les autres. Ça prend quand même du monde pour mettre en œuvre ce commandement, ce qui a amené les disciples de Jésus de tout temps à rencontrer diverses personnes et à œuvrer à l’amélioration des conditions de vie.
Ce commandement de l’amour est apparu comme quelque chose d’intéressant et de pascal à celles et ceux qui ont consenti librement à le vivre, ainsi qu’à nous aujourd’hui. Si le désir de reconnaissance ne motive pas sa pratique par les plus modestes d’entre nous, accorderont-ils aux autres par amour l’opportunité de leur rendre hommage?
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste
Solliciter son adversaire