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Pour aller plus haut

Éditorial du dimanche 18 mai 2025
Ann Montreuil, éditorialiste

Ce printemps, j’ai repris mes visites au parc avec petit-fils en admirant ses prouesses: il est plus agile, plus fort, plus valeureux mais a peu conscience de ses limites ou du danger.

Je le vois quitter la balançoire des petits, bien cramponné sur les chaînes de celle des grands, s’élancer vers le ciel… Voilà il peut prendre cette petite poussée que je lui donne sans perdre l’équilibre, les cheveux au vent, la tête ose se renverser un peu vers l’arrière pour respirer la liberté de l’envol; je m’envole avec lui.

Chaque instant nécessite de l’attention, des bras pas trop loin, un sourire d’encouragement.

C’est à la fois exigeant et merveilleux.

Il cherche à grimper toujours un peu plus haut en comptant sur ses forces mais aussi sur la présence d’un amour qui veille et le soutient… J’en suis à la pointe des pieds… il me faut trouver l’équilibre entre la prudence et son besoin de dépassement.

Je me sens telle la mère oiseau témoin lorsque les petits sortent du nid, et ça donne des papillons…

Je ne peux qu’espérer qu’il trouve toujours en lui une Présence qui le pousse vers les sommets.

Un jour, on lui apprend des mots puis il en fait des constructions qui étonnent («la fête des mères c’est la fête des lacs et des poissons…»), on lui chante des berceuses et il compose des concertos, on lui montre la voie lactée et il enseigne la physique quantique, on lui panse un bobo et elle s’élance dans son ambulance, on lui tend des crayons et elle ajoute sa couleur unique au monde.

Ces premiers élans sont porteurs de fruits inespérés.

Bill Clinton disait «Nous ne pouvons construire notre propre avenir sans aider les autres à construire le leur».

Ce constat s’applique à toutes les phases et sphères de vie.

Le soutien réciproque entre individus renforce non seulement les liens communautaires mais contribue également à son épanouissement.

Dit autrement par Martin Gray: «Aider les autres, c’est encore la meilleure façon de s’aider soi-même».

Mais encore faut-il s’entendre sur le concept d’aide. Aider par amour et non pas pour se faire aimer ou par opportunisme. Prendre garde au «syndrome du sauveur» où la quête de reconnaissance est au cœur de l’action et bien que le plus souvent inconsciente, mène à un déséquilibre relationnel malsain et où le support offert ne répond pas forcément à un besoin réel et peut créer dépendance et frustration.

Il ne peut y avoir plus grand don que celui de donner de son temps et son énergie pour aider les autres sans rien attendre en retour (Nelson Mandela).

Ici se définit la notion d’altruisme.

Une réalité demeure: on ne peut pas donner de l’eau si notre jarre est vide.

Cette loi de La Palice mérite d’être soulignée car le besoin d’un retour à la Source est essentiel.

Prendre le temps de goûter au fruit du partage, tendre la main pour accepter l’aide nécessaire aussi pour soi, saisir le sens véritable du vivre ensemble pour grandir ensemble sont autant de puits et d’oasis de joie sur notre chemin.

Si on revient au parc, convenons qu’il s’agit d’une relation d’amour… mais n’est-ce pas à travers ces clins d’œil du quotidien qu’on peut jeter un regard sur la richesse des situations qui s’offrent à nous? Mettre son amour en action ça peut passer par toute sorte d’aide (écoute, matérielle, spirituelle), en toutes sortes de circonstances.

Ça me donne l’occasion de réaliser que tant de bras et de cœurs m’ont supportée et me supportent encore au fil de ma route et je ne puis qu’en être reconnaissante. Je réalise aussi que ma foi me permet de mettre ma pleine confiance en Lui à travers un appel bienveillant à avancer, à ouvrir les ailes avec espérance.

Il attend qu’on L’aide Lui aussi, en s’aimant les uns les autres.

Ne l’avez-vous pas entendu?