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« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. »

Image libre de droits mais créditée ©Jean Louis Mazieres, flickr || Johann Rottenhammer 1564-1625 Augsburg Les Noces de Cana // Hochzeit zu Kanaa Wedding in Kanaa Augsburg Schaezlerpalais // Huile sur cuivre

16 janvier 2022          2e dimanche du temps ordinaire, année C – Jean 2, 1-11
Lectures de ce jour

Aujourd’hui, il est question de noces. En se rendant à Cana Jésus nous signale l’importance de fêter et de célébrer l’amour humain. Pour sa part, Marie indique qui a les moyens de bien célébrer la noce et, finalement, qui sont les époux des noces qui se préparent.

Importance de la fête

Jésus vient de recruter cinq disciples. Au lieu de prendre la route du désert pour les former, Il va à Cana pour fêter. Essayons d’imaginer Jésus au milieu de convives, mangeant, riant, chantant et dansant avec eux.

Alerté par Marie, sa mère, probablement impliquée dans le service, Jésus devine quelle sera la honte des époux si le vin manque. Nous connaissons la suite : Il change l’eau en vin, environ 600 litres, une quantité énorme, même si la noce durait toute une semaine. L’évangéliste présente l’épisode comme « le commencement des signes que Jésus accomplit. »

Quel est ce signe ? Le geste de l’eau changée en vin ne vise pas à soulager quelque misère, – les invités ont déjà bien bu, – et ne contient aucun enseignement explicite. L’évangéliste parle non pas de miracle, mais de « signe » qu’il qualifie de « commencement ». Ce mot n’évoque pas un détail chronologique mais donne l’orientation de ce que sera la mission de Jésus : Il est venu inviter l’humanité à des noces. À une fête. Voilà sa mission !

À Cana, Jésus partage les joies des époux. Il célèbre avec son entourage les beaux moments de la vie. Cela devrait faire éclater l’image d’un Jésus toujours sérieux. Dans sa prédication, Il utilise l’image du banquet pour illustrer le Royaume qui vient.

Lors d’une noce, on laisse les affaires et les préoccupations de côté pour s’intéresser aux autres et se réjouir avec eux, en mangeant, chantant, dansant, etc. Autant d’expressions qui traduisent la joie. Lors d’une fête, on se concentre sur l’essentiel, i.e. la rencontre avec les autres et le partage de leurs joies.

Savons-nous fêter ? Dans la parabole des noces, en St Mathieu, le Maître (le roi) voit son banquet compromis par des invités tous occupés à leurs affaires. Déjà à l’époque, certains accordaient plus d’importance aux affaires qu’à un temps gratuit avec les autres, qui, à 1ère vue, ne rapporte rien. Regarder ou écouter les autres, être simplement avec eux, est alors perçu comme une perte de temps…

Par contre, la fête rassemble les gens et, souvent, elle atténue les tensions et rétablit la communion. Une des plaies de nos sociétés est la solitude. Accentuée cruellement par le confinement. Elle entraîne souvent l’anxiété, l’angoisse, voire de stress. Pour s’en libérer, beaucoup recourent à l’alcool, aux drogues, etc. . . Une fête est vraie quand elle nous rapproche des autres et nous fait sortir de nous-mêmes.

Les moyens de fêter

Les époux de Cana n’avaient pas vraiment les moyens de fêter. Ils allaient manquer de vin. Heureusement pour eux, Marie en informe Jésus. 
« Ils n’ont plus de vin », dit Marie. Une façon délicate d’attirer l’attention. La réponse de Jésus en étonne plusieurs.
« Femme, que me veux-tu ? (Qu’y a-t-il entre toi et moi ?) Mon heure n’est pas encore venue. »

La formule hébraïque « Qu’y a-t-il entre toi et moi » pourrait se traduire : « Cela ne te regarde pas. » ou « Cela ne me concerne pas. » ou « je ne veux pas m’en mêler. »

À nos oreilles, la formule est plutôt rude. Mais la réaction de Marie montre bien que la réponse ne l’a pas perturbée. (Et ne devrait pas nous perturber non plus). Marie se tourne aussitôt vers les serviteurs en disant: « Faites tout ce qu’il vous dira. »

En signalant le manque de vin, Marie intervient comme mère de Jésus. Mais quand Jésus dit : « mon heure n’est pas encore venue », elle comprend, que seul le Père (i.e. Dieu) peut déterminer l’heure et qu’elle n’a plus, en bonne mère de famille, à prendre l’initiative pour orienter la mission de son fils. 

En se tournant vers les serviteurs pour les inviter à écouter Jésus, elle devient ainsi disciple, la 1ère, celle qui invite les autres à se mettre à l’écoute de Jésus.

La suite du texte se révèle hautement symbolique et laisse entendre que la rupture avec le Judaïsme est consommée. Les cruches à remplir sont les cruches pour les ablutions rituelles et elles sont vides. En d’autres mots, le culte ancien est épuisé; il ne peut plus préparer les noces de Dieu avec son peuple.

Le marié a manqué de prévoyance et n’a pas prévu suffisamment de vin. Le maître du repas ne cherche pas à comprendre d’où vient ce vin exceptionnel. Il se contente d’affirmer que l’on ne fait pas comme cela d’habitude. Le recours à la tradition ferme toute ouverture à du nouveau que l’on dit pourtant attendre. Les responsables n’ont pas été à la hauteur de la tâche ; ils n’ont pas su préparer la noce. Celui qui peut vraiment fournir les moyens de célébrer la noce, c’est Jésus.

Qui est l’époux et qui est l’épouse ?

Au cœur des noces, il y a une alliance d’amour entre 2 êtres, deux êtres fragiles, limités, qui veulent donner à leur union une dimension d’éternité ; une alliance qu’ils veulent totale et durable. Ils célèbrent cette alliance avec leur entourage qui leur servira de mémoire et de soutien lors des moments d’épreuve.

Nous connaissons l’importance de l’amour dans le message de Jésus. À Cana, il vient célébrer l’amour humain pour en révéler la grandeur. Il y entraîne ses disciples, pour les éveiller à la beauté de cet amour et les préparer à découvrir un autre amour, encore plus beau et plus grand, i.e. l’amour de Dieu pour son peuple.

Les noces terrestres préfigurent les noces du Fils de Dieu avec l’humanité. Les prophètes ont utilisé cette image. Osée comparait la relation de Dieu à son peuple à un mariage. Une relation d’amour qui fait la joie de Dieu, pour reprendre l’expression d’Isaïe dans la première lecture.

« Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

Nous éprouvons une certaine difficulté à croire vraiment que nous puissions être source de joie pour notre créateur. Pourtant nous constatons que les enfants peuvent être la joie de leurs parents.

Dans ce récit on ne parle pas des époux. La mention du marié est accessoire. Celui qui peut fournir le vin des noces, c’est Jésus. Il est l’époux qui fournit le vin en surabondance. Son geste annonce le temps messianique où Dieu épousera son peuple.

L’heure de Jésus, i.e. le don total de sa vie, n’est pas encore venue, mais déjà il pose des gestes qui annoncent la gloire future, et invitent les disciples à croire en lui. Jean le signale expressément: « Ses disciples crurent en lui. »

Unité et diversité

À un moment où notre Église entame une réflexion sur la synodalité, St Paul nous rappelle que les dons de la grâce, les services et les activités sont variés, car c’est le même Esprit qui agit en tous. Il nous faut découvrir que les différences ne doivent pas diviser le tissu de l’Église mais l’enrichir. Ce qui suppose beaucoup d’écoute.

Conclusion

Comme Jésus à Cana, sachons fêter. Or, l’essentiel de la fête, c’est la communion avec les autres, la gratuité de l’accueil. Jésus savait fêter. À nous d’apprendre ou de réapprendre.

Sachons, comme Jésus, admirer l’amour qui unit un homme et une femme, car il nous révèle le type d’amour que Dieu veut entretenir avec chacun et chacune d’entre nous. Soutenons les couples qui ont la vocation exigeante mais exaltante d’illustrer par leur union la relation de Dieu avec son peuple.

Pour nous préparer aux noces éternelles, avec Marie, mettons-nous à l’écoute de la Parole de Jésus pour faire tout ce qu’il nous dira. Reconnaissons en Lui l’époux. Et dans cette eucharistie, partageons le pain et le vin des noces à venir.

AMEN

Marcel Poirier, assomptionniste

 


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