24 décembre 2023 4e dimanche de l’Avent, année B – Lc 1, 26-38
Lectures de ce jour
Recevoir une annonce – c’est toujours un inattendu, une surprise, et par moment même une grâce. Recevoir une annonce livrée par le service « angélique » de livraison est une chose encore plus surprenante. Mais que veut nous dire l’évangéliste Luc avec cette scène de l’Annonciation dans son évangile à quelques heures de la naissance de Celui que l’ange Gabriel a annoncé ?
Tout d’abord Luc prend soin de nous décrire la mission de l’ange Gabriel, et par la suite celle de Marie. Il y a beaucoup de détails géographiques, généalogiques, et même matrimoniaux. C’est étonnant ! Je ne crois pas que l’évangéliste Luc fait une sorte de documentaire, ou comme nous le disons aujourd’hui dans les études bibliques qu’il fait “d’historico-critique”, encore moins il se prenne pour Radio-Canada ou même Vatican News. Alors pourquoi tant de détails ? Il me semble que toutes ces nuances sont données par l’évangéliste pour nous dire une chose simple, mais difficile à appréhender : Dieu ne construit pas des relations générales, neutres et englobantes tout en tout. Dieu a toujours une relation personnelle avec chacun et chacune d’entre nous. Et une personne est constituée d’une multitude des détails : géographiques, généalogiques, économiques, professionnelles et même religieuses. Une personne a toujours un nom. Même les anges !
D’ailleurs, parlons des anges. Ce n’est pas n’importe quel ange qui est envoyé pour faire l’annonce de la Bonne Nouvelle à Marie. Le nom Gabriel signifie en hébreu : « la force de Dieu ». Mais ce qui est très étonnant, c’est que cette force divine a une seule arme – c’est l’annonce de la joie et de la naissance. Cette force de Dieu n’exige aucune soumission, elle propose à Marie d’être tout simplement l’accueil et l’hospitalité remplis de joie et de grâce. C’est précisément ce que l’ange Gabriel annonce à Marie : « Réjouis-toi, comblée de grâce ! Tu as trouvé grâce auprès de Dieu ! ». La Bonne Nouvelle ne consiste pas d’abord dans l’exigence de toutes sortes de « faire » ou de « ne pas faire ». Il ne s’agit ni de rétribution ni de condamnation. La volonté de Dieu s’exprime dans l’annonce de la joie, et dans l’annonce d’une naissance. C’est comme pour nous dire que la seule véritable fécondité salvatrice ne peut surgir que de l’annonce joyeuse de la présence de Dieu, de son amour qui chasse toute crainte. C’est vrai pour Marie, c’est aussi vrai pour chacun et chacune d’entre nous.
« Sois sans crainte » – dit l’ange Gabriel à Marie. Peut-être pouvons-nous nous rappeler que libérer une personne de ses craintes, non pas les ignorer, non pas les diminuer ou « passer sous le tapis », mais de libérer une personne de ses craintes est une œuvre d’amour et de dignité pour ouvrir à cette personne une nouvelle perspective dans sa vie. C’est d’une certaine manière rendre cette personne libre, et lui redonner la possibilité d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu d’une manière généreuse et débordante. C’est cela qui arrive à Marie ! D’ailleurs, c’est peut-être une des raisons pour laquelle Marie pose juste une question : « Comment cela va-t-il se faire ? » Dans la joie et dans la confiance, le fait annoncé ne pose pas de question, la véritable question c’est : comment va s’accomplir l’action d’amour ? Comment va s’accomplir ce qui est toujours inattendu et surprenant !
Marie et l’Ange Gabriel nous font saisir que l’Amour n’est pas impossible ! Il est peut-être inattendu et surprenant ! Il est peut-être déraisonnable, ce qui veut dire, au-delà de toute logique calculatrice et purement cérébrale, mais il est toujours possible. Dieu vient à la rencontre de Marie, et avec elle à la rencontre de chacun et chacune d’entre nous. Marie ose le pas pour entrer dans cette aventure divine sans se dérober. Osons-nous, à notre tour, entrer dans cette joie inattendue ?
Édouard Shatov, augustin de l’Assomption