Jean-Marie Garon, en religion Yves Garon, est né le 2 août 1916 à St-Pie-de-Guire, près de Trois-Rivières. De 1924 à 1937, à Trois-Rivières, il fréquente l’école primaire des Frères des Écoles Chrétiennes et le Petit Séminaire.
Il entre au noviciat assomptionniste de Sillery en 1937. Il a 21 ans. À l’automne 1938, on l’envoie en France pour les études de philosophie et de théologie, comme cela se faisait alors pour les Religieux du Canada et des États-Unis. Il rejoint le scolasticat assomptionniste de Scy-Chazelles, en Alsace. Un an plus tard, en septembre 1939, la guerre éclate entre la France et l’Allemagne nazie. La vie du Frère Yves allait en être profondément marquée.
Les jeunes Frères français sont alors mobilisés et la maison d’étude réquisitionnée par le gouvernement. Les étudiants étrangers se replient au scolasticat de Lormoy près de Paris. En mai 1940, l’armée allemande envahit la France. Les Frères étrangers quittent le pays. Le Frère Yves, chez qui on a diagnostiqué de graves problèmes pulmonaires ne peut les suivre. Il se réfugie dans un alumnat ou petit séminaire assomptionniste à St-Maur, au sud de la Loire, alors “zone libre”, mais que les Allemands vont occuper peu après.
Il est alors autorisé à étudier privément la théologie. Il est ordonné prêtre à St-Maur le 29 juin 1943. À l’automne 1944, la France est libérée. Il quitte enfin St-Maur en octobre, passant par Paris, Londres et New York, avant d’arriver à Sillery le 26 février 1945. Cinq années qu’il qualifie lui-même de cauchemar.
Les années suivantes, de 1945 à 1964 sont occupées à la fois par les études et l’enseignement secondaire, d’abord à Worcester (États-Unis) et au Collège d’Alzon à Bury, petit village des Cantons de l’Est. Une interruption de 1951 à 1954 où, à Beauvoir, en banlieue de Sherbrooke, il est Curé et Supérieur de la communauté. L’été, il suit des cours de langue et littérature françaises à l’Université Laval. Il passe l’année 1954-55 pour des études à Paris. De 1964 à 1969, il enseigne la littérature française et Québécoise à l’université Laval dont il devient un professeur agrégé dès 1966.
À partir de 1969, son apostolat change radicalement. Il devient aumônier des Sœurs de Ste Jeanne d’Arc, de 1969 à 1975. Il occupe la même charge chez les Augustines de la Miséricorde entre 1975 et 1997, d’abord à Chicoutimi, puis à l’Hôtel Dieu de Québec, avec un intermède de 4 années. Il fait un court séjour au Sanctuaire de Beauvoir en 1987 et travaille pour les Religieuses de Ste Jeanne d’Arc comme vice-postulateur de la cause de béatification de leur fondateur, le P. Marie-Clément Staub de 1987 à 1991.
En 1997, il se joint à la communauté du Montmartre. Il a alors 80 ans. Il apporte son concours à différentes activités pastorales et prend en charge les archives de la maison. En 2010, il demande à être libéré de cette charge. En novembre 2015, en raison de sa faiblesse, il est transféré à l’infirmerie des Pères du St-Sacrement. C’est là qu’il s’est éteint doucement et sereinement lundi le 11 avril 2016.
Anecdotes sur le père Yves Garon
Doté d’une mémoire prodigieuse, il aimait rappeler l’époque de son enfance, de la vie familiale au moment de la grande dépression. Lui revenaient en tête les chansons d’une époque que nul d’entre nous ne connaissait. Il faut dire que l’interprétation qu’il en donnait n’aidait pas beaucoup à reconnaître les airs. Il revenait souvent sur son séjour à St-Maur, signe évident que l’expérience s’était gravée profondément dans sa mémoire. (P. Marcel Poirier, a. a.)
Je garde dans mon cœur, ses rires complices autour de la table, son ouverture et cette vivacité d’esprit qu’il a su conserver malgré son grand âge. Il nous redisait aussi à chaque fois qu’on le rencontrait, combien il était chanceux d’être aussi bien entouré et soigné (Hélène Garon, sa nièce qui l’aimait beaucoup).
Valeur infinie d’une piécette