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Une tendresse invincible

Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828), L’Arrestation du Christ, sacristie de cathédrale Sainte Marie (XIIIe-XVe), Tolède, Castille-La Manche, Espagne 1788, https://flic.kr/p/29g1x2H

10 avril 2022           Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, année C – Luc 22, 14 – 23, 56
Lectures de ce jour

Un épisode parmi d’autres apparaît scandaleux dans le récit de la passion de Jésus et peut servir de toile de fond à l’ensemble des lectures de ce dimanche. Dans cet épisode, les apôtres se querellent pour savoir qui serait le plus grand, alors que Jésus mentionne sa livraison par l’un d’entre eux. Dans cet environnement où l’on emploie ruse, mensonge, injures et violence physique pour se faire valoir, Jésus se comporte et agit différemment. Il montre la tendresse comme étant invincible en ce sens où la personne tendre, étant opposée à la confrontation, ne peut ni vaincre ni être vaincue.

Condition de serviteur

La condition de serviteur cimente la tendresse de Jésus dans son rapport à son père, ses disciples et même ses adversaires ou tortionnaires. Tandis que ses disciples se disputent la préséance au sein de leur groupe, il se présente au milieu d’eux comme celui qui sert. L’apôtre Paul montre que Jésus va jusqu’à s’anéantir en se faisant mourir sur la croix comme un esclave. Sa condition de serviteur lui permet de compter sur l’autre, en l’occurrence Dieu son père qui l’exaltera. Ainsi, il peut le prier sans être nécessairement exaucé selon sa volonté propre. Il va plus loin dans sa confiance totale au père en déclarant : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » C’est toujours dans cette condition de serviteur qu’il répond tendrement aux représentants du pouvoir, c’est-à-dire sans chercher à les humilier. 

Comme l’âne

Il faut noter que la tendresse de Jésus serviteur peut être comparable à celle de l’âne sur lequel il est monté lors de son entrée triomphale dans la capitale Jérusalem. L’âne qui est tendre comme monture des humbles par rapport au cheval des guerriers est en même temps têtu. Ainsi, le doux Jésus peut afficher une certaine fermeté à l’égard des violents sans reproduire leur violence. Il refuse de répondre au cruel Hérode qui l’accable des questions en espérant obtenir de lui un miracle. Au lieu de se sentir humilié, Hérode devrait savoir que Jésus n’est pas de type challenger ostentatoire et triomphaliste. On voit que Jésus peut résister, au risque de sa vie, sans mettre en mal sa tendresse. 

Attitudes, gestes et paroles

La tendresse de Jésus demeure indéfectible, et non pas complaisante, même au milieu de lourdes épreuves par ses attitudes, gestes et paroles. Il sait que son disciple Judas l’a livré, mais il l’embrasse. Il guérit en touchant l’oreille droite tranchée à un homme qui fait partie des gens venus l’arrêter. Il parle aux femmes en les calmant lorsqu’elles se frappent la poitrine et se lamentent sur lui. Il prie son père en lui demandant pardon pour ses bourreaux et il promet d’être au paradis avec un malfaiteur qui s’adresse à lui comme un serviteur tendre.

À la vue de Jésus demeuré tendre, nous pouvons nous émerveiller comme le païen centurion romain : « Celui-ci était réellement un homme juste. » Puisse cet homme inspirer notamment la justice et la paix à nous et aux dirigeants du monde. Saint François d’Assise le prie personnellement en lui demandant la paix. Je vous propose sa prière. 

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste