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Trois petits mots à la portée infinie

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9 mai 2021              6e dimanche de Pâques, année B – Jean 15, 9-17
Lectures de ce jour

Trois petits mots dont la portée est infinie : « Dieu est amour ». Cette petite phrase marque un tournant dans l’histoire des religions. Cette petite phrase, presque banale, “Dieu est amour” – trois mots seulement, – revêt une portée illimitée : elle implique pour les humains, une relation à Dieu nouvelle, différente par rapport aux religions traditionnelles, car il s’agit d’une relation d’amour. Les divinités grecques et romaines ne s’intéressaient pas ou très peu aux humains, sinon parfois pour en abuser.

La prédication de Jésus et celle des apôtres après lui s’efforcent de tirer les conséquences de cette vérité insoupçonnée jusque-là. La mission de Jésus, en particulier sa passion, n’ont de sens que dans la perspective d’un Dieu qui est tout amour.

La mission confiée aux apôtres de prêcher la Bonne Nouvelle à toutes les nations s’impose alors tout naturellement : un Dieu-amour ne peut pas ne pas aimer chacune de ses créatures et désirer être reconnu par elles afin de leur faire partager sa propre vie, i.e. la vie éternelle.

Essayons de creuser le sens de ces 3 petits mots : Dieu est amour.

Qui est Dieu ?

Notre 1er réflexe en affirmant que Dieu est amour est de chercher à en tirer toutes les conséquences pour nous- mêmes. Mais auparavant, essayons de comprendre ce que cela nous dit de Dieu lui-même.

Dieu est Dieu : Il est infini et nos discours pour en parler seront toujours inadéquats, voire trompeurs. Dieu est amour et il n’est qu’amour. Ce qui veut dire qu’on ne peut mettre en Dieu autre chose, pas même sa toute-puissance, sa grandeur, son infinité, etc. Il faut plutôt affirmer que l’amour de Dieu est tout-puissant, infini, sage, beau, etc.

Il en résulte que la création de l’univers est nécessairement une œuvre d’amour. Et que chacun de nous a été créé par amour. Cet amour, comme tout amour vrai, nous veut libres, afin de pouvoir donner une réponse d’amour. Certains parents, entourent leurs enfants au point de les étouffer : on parle alors d’un amour captatif. Dieu, lui, nous veut libres. Il se retire pour nous laisser grandir.

Un amour tout-puissant, est un amour qui va au bout de lui-même. On lit dans Saint Jean : « Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême » Jn 13, 1 Tob. Jésus l’exprime autrement : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » Jn 15,13 Tob
Cet amour à l’extrême commence ici-bas lorsque nous pardonnons. Car le pardon est le don parfait.

Le risque de l’amour

Aimer ne va pas sans risque. Celui ou celle qui aime se place à la merci de l’autre qui peut accueillir, ignorer voire rejeter son amour.

Notre société de consommation augmente ce risque en incluant l’amour dans les produits à consommer; pour certains, l’amour figure dans la liste des produits avec date de péremption ou tout simplement jetables. Triste. . .

Aimer, c’est risquer. Dieu a pris ce risque avec l’humanité, avec chacun et chacune de nous. Il est venu combler l’abîme entre notre humanité faible et limitée et sa divinité, infinie et éternelle. Toute la Bible nous raconte le caractère éphémère de l’amour d’Israël pour son Dieu. Par les prophètes, Dieu déplore l’inconstance de son peuple.
« Que vais-je te faire, Juda? Votre amour est comme la nuée du matin, comme la rosée matinale qui passe. » Os 6, 4 TOB

En contrepartie, l’Écriture met en évidence la résilience de Dieu qui demeure attaché à son peuple malgré ses infidélités répétées. Lui, demeure fidèle, et c’est justement cela qui nous rassure et fonde notre espérance. Il demeure fidèle parce qu’il nous aime.

Nous sommes aimés

Nous sommes aimés de Dieu. Jésus nous le redit et incarne cet amour : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »

Il y a 2000 ans, les disciples côtoyaient Jésus et bénéficiaient directement de ses gestes, de ses paroles, de son affection. Ils observaient jour après jour sa compassion envers les malades et les pauvres. Ils ressentaient cet amour. Mais nous, comment arriver à ressentir cet amour du Seigneur pour nous ? Comment l’accueillir ? À quels signes le reconnaître ?

Pour prendre conscience de l’amour que le Seigneur nous porte, il faut d’abord nous arrêter, cesser de courir après ce qui nous manque et nous attire, et orienter nos regards vers tous les dons qui sont déjà les nôtres, dont le plus important est celui de la vie. Tant de choses nous attirent vers l’extérieur de nous. Multiples sont les sources de distraction.

Pourtant, le Seigneur qui connaît nos limites, nos faiblesses, nos incohérences, nous a choisis. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ».

Ce ne peut être que par amour. Nous ne sommes pas des “accidents” de parcours, comme cela arrive parfois dans les familles. Nous sommes des enfants “désirés”.

La chose ne s’accepte pas aussi facilement qu’on le pense. Le spectacle de notre pauvreté intérieure, de nos limites, auxquelles s’ajoute la liste de nos infidélités soulève une grande question: pourquoi le créateur devrait-il s’intéresser à nous ? Nous qui ne sommes qu’une poussière dans l’infini de l’univers ? Que trouve-t-il d’aimable en nous ?

La question est mal posée. On ne demande pas à des parents pourquoi ils aiment leur enfant. Ils ne s’intéressent pas à lui pour ses talents ou ses réalisations. Ils l’aiment tout simplement parce que c’est leur enfant, celui à qui ils ont donné la vie, celui en qui ils retrouvent une partie d’eux-mêmes. Une mère demeure mère même après l’éloignement de son enfant. Les mères dont nous célébrons la fête aujourd’hui pourraient nous le confirmer. Dieu demeure Dieu, il demeure Père (et on peut dire mère), même quand nous nous éloignons de lui.
Jésus ajoute : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ».

Nous voulons bien demeurer dans l’amour de Dieu. Mais comment ? Le commandement à observer pour y arriver est unique et simple : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

On peut se faire illusion en affirmant que nous aimons Dieu. Il ne vient jamais nous contredire. En orientant notre cœur vers les autres, Jésus ouvre une piste réaliste car l’amour que nous leur portons se révèle dans les attitudes et les gestes que nous adoptons à leur égard. Un regard honnête sur nous-mêmes permet de voir si nos comportements reflètent l’amour.

En orientant notre amour vers les autres, Jésus s’offre comme modèle. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Aimer les autres. Tous les autres, sans exception. Les aimer à la manière du Christ, i.e. en donnant notre vie pour eux. Voilà un défi énorme qui dépasse nos forces. Et pourtant, c’est ce que Dieu attend de nous parce qu’il sait que c’est ainsi que nous allons grandir et lui ressembler.

À 1ère vue, donner sa vie, c’est en fait la perdre, d’où la peur et les hésitations qui surgissent dès qu’une telle perspective se présente. En réalité, il faut sortir de soi pour se trouver, pour se réaliser. Ainsi, la femme qui met au monde un enfant, ne fait que commencer à être mère. C’est par le soin de l’enfant où elle devra souvent s’oublier, qu’elle devient mère, que la maternité en vient à faire partie de son être. Il en va de même pour le père, le frère ou la sœur, l’ami, etc…

Porter du fruit

L’image de la vigne aide à comprendre. Lui, Jésus, est le cep, nous sommes les sarments. Par nous, il porte du fruit. Il fait de nous des transmetteurs de vie. « C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. »

Le fruit en question, c’est tout simplement la vie. Nous la donnons de mille et une manières, parfois très simples : un sourire, un encouragement, un service, une attention bienveillante. Parfois aussi par un engagement plus exigeant qui nous oblige à sortir de nous-mêmes.

Le fruit que porte le sarment de la vigne vient de la sève reçue du cep. Le fruit vient à la fois du cep et du sarment, de nous et de lui, indistinctement. Lorsque nous faisons le bien, nous ne pouvons distinguer ce qui est de Dieu de ce qui est de nous. Dieu donne la vie en nous et par nous. Sa présence en nous n’est pas passive ou statique; elle est agissante, féconde. Et, c’est là l’extraordinaire, Il a besoin de nous pour donner la vie, communiquer sa vie à lui. C’est en accueillant l’amour qu’Il nous donne que nous pourrons aimer à notre tour, aimer à sa manière.

Conclusion

La mission confiée aux apôtres de prêcher la Bonne Nouvelle à toutes les nations s’impose alors tout naturellement : un Dieu-amour ne peut pas ne pas aimer chacune de ses créatures et ne pas désirer être reconnu par elles, et les emmener dans son paradis afin de partager sa propre vie éternelle.

Prenons conscience que Dieu a pris le risque de nous aimer ; ouvrons-nous à cet amour et recevons, dans la communion, la force de devenir ce que nous devrions toujours être, i.e. des sarments bien branchés, transmetteurs de vie.
AMEN

Marcel Poirier, a. a.


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