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Tricotés serrés

Éditorial du dimanche 2 novembre 2025
Père Gilles Blouin, assomptionniste et éditorialiste

Je ne pense pas que l’expression dise quelque chose à quelqu’un qui n’est pas d’ici. Elle signifie que cette autre personne est bien l’un des nôtres. On le reconnaîtra facilement à l’accent ou aux expressions utilisées. Quelqu’un du pays, quoi. On se reconnaîtra même à l’étranger: la communication est instantanée, spontanée: on est ‘entre nous’…

Cette proximité a certes des côtés positifs mais aussi peut marquer l’exclusion de ceux qui ne sont pas tissés de la même laine que nous. Ils sont des étrangers. Peut-être ont-ils des goûts culinaires bizarres selon nous, ou se vêtent-ils, hé bien, de manière drôle, non conventionnelle pour dire le moins. Ils ne ‘sentent pas’ comme nous et ont, ma foi, beaucoup trop d’enfants. Pas les meilleurs voisins. Petit à petit se dessine la possibilité de les considérer comme des ennemis potentiels.

Surgit une page de la Parole de Dieu qui, comme chrétiens, nous met mal à l’aise. ‘Tu accueilleras l’étranger parmi vous car tu te souviendras que tu fus toi-même étranger au pays d’Égypte.’ Celui qui a fait l’expérience de vivre dans un pays étranger pendant un certain temps pourra comprendre comment il est important de se sentir accueilli pour ce qu’il est, forcément différent. Il n’en est pas moins un frère en humanité. Peut-être a-t-il quelque chose à contribuer à ceux qui l’accueillent.

De toute évidence, il y a un pas à franchir pour passer de la méfiance à l’hospitalité. À n’en pas douter, cela passe par les qualités du cœur. Ai-je un cœur assez grand pour accueillir la différence comme un cadeau, une possibilité de grandir au contact d’une personne d’une autre culture, couleur de peau ou religion? Peut-être qu’à être tricotés trop serrés il n’y a plus de place pour accueillir celui qui est différent de nous. Quel appauvrissement personnel ou en société!

Au moment où tant d’étrangers frappent à notre porte, donne-nous, Seigneur, le courage et l’honnêteté de reconnaître qu’ils sont un cadeau dans notre vie et, souvent, dans nos communautés chrétiennes.