« Le cœur parle au cœur » – en latin : Cor ad cor loquitur – voilà une phrase qui m’a toujours frappé, et par ce fait même, toujours interpelé. « Le cœur parle au cœur ». C’est un appel, un défi.
Quand je médite cette phrase, qui fut la devise du Cardinal Newman, je me questionne sur la vocation de l’être humain dans sa relation à Dieu, à son prochain et à lui-même.
Tout d’abord, cette expression nous redit que, dans notre vie, existe un centre, le CŒUR. Et que ce centre ne s’exprime que dans une relation à l’autre. Saint Augustin écrivait : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est las jusqu’à son délaissement en Toi » (Confessions1, 1). En général, on cite cette Parole de la manière suivante: « Tu nous a fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi ». Quant à moi, j’aime bien cette traduction de Frédéric Boyer : « … et notre cœur est las jusqu’à son délaissement en Toi ».
« ÊTRE LAS ». Comme nous le précisent les dictionnaires de langue française, cela signifie : « éprouver le sentiment d’une grande fatigue physique générale et vague ». Les synonymes de cet état s’orientent vers les termes suivants : « … abattu, épuisé, faible, fourbu, recru… » Tout cela pour conclure qu’à la lecture de la pensée de saint Augustin, dans cette traduction, nous comprenons que notre cœur cherche une force, un déploiement et un accomplissement. Si ce n’est pas le cas, le cœur et tout notre être sont fatigués, épuisés et abattus. Nous avons soif de relation et de communication mutuelles qui, seules, peuvent nous sortir d’un état d’épuisement et permettent de goûter pleinement chaque moment de notre existence.
C’est là que s’installe le « délaissement ». Il ne s’agit pas de ne rien faire ou comme dit saint Paul : « … être affairés sans rien faire… » Le fait de trouver son délaissement en l’autre, en Dieu, nous fait comprendre qu’il faut s’abandonner à l’autre. Ce qui ne signifie pas de « lâcher prise », comme on le dit si souvent ces temps-ci, mais de FAIRE CONFIANCE. Il me semble que quand saint Augustin nous dit qu’en Dieu – dès maintenant et pour toujours – nous pouvons faire confiance, Augustin nous assure que c’est là le seul chemin qui nous re-vitalise. Le secret de notre vie est bien établi dans l’audace d’investir notre confiance en Dieu, à notre prochain et à nous-mêmes.
C’est alors, comme l’écrit si bien le saint cardinal Newman « que notre divin Maître a donné à chacun de nous une tâche spécifique à accomplir, un service précis demandé de manière unique et à chaque personne individuellement ». « Une MISSION ». Puissions-nous devenir de plus en plus nous-mêmes! Mais cela n’est possible que dans la relation, avec Dieu, avec notre prochain et nous-mêmes.
Ainsi, notre vie n’est plus épuisante et ennuyeuse, mais pleine de vitalité malgré la somme d’énergie requise. Ce « CŒUR À CŒUR » ne nous fait plus peur et nous propulse dans notre mission de tous les jours et dans notre accomplissement total. C’est cet appel et cet accomplissement que nous avons célébrés lors de la Fête du SACRÉ-CŒUR.
En fait, avec qui avons-nous parlé profondément, CŒUR À CŒUR récemment ???
Bonne semaine à toutes et à tous !
Édouard Shatov, éditorialiste au Montmartre
Des affirmations à contre-courant