Le 30 juin 2024 13e dimanche du temps ordinaire, année B – Mc 5, 21-43
Lectures du jour
En ce treizième dimanche du Temps Ordinaire, les lectures – et l’évangile en particulier – nous font comprendre que la vie est le don de Dieu le plus important et la valeur la plus précieuse à laquelle il tient.
La fragilité humaine
Dans l’évangile que Marc raconte, deux récits de miracle sont imbriqués l’un dans l’autre. Dans un cas comme dans l’autre, Marc insiste sur le fait que les ressources humaines de la médecine sont épuisées. En ce qui concerne la femme, Marc précise qu’elle « avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré ». Quant à la petite fille, il rapporte les propos désespérés des proches de Jaïre : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le maître ? » En fait, tout cela pour souligner l’impuissance des hommes, d’une part, et pour mieux faire ressortir le pouvoir de Jésus, d’autre part. Marc nous dit que la puissance qui émane de Jésus, mais qui lui échappe aussi pour ainsi dire – « Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui » – est un pouvoir qui va jusqu’à ressusciter les morts : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ».
La bienveillance de la puissance divine
La réanimation de la fille de Jaïre est une image et un avant-goût de notre résurrection : comme Jésus a pris la jeune fille par la main, ainsi nous prendra-t-il la main, chacun à notre tour. Le prophète Isaïe ne disait-il pas : « Moi, le Seigneur, je suis ton Dieu qui tiens ta main droite, qui te dis : ‘Ne crains pas, c’est moi qui t’aide’ » (Is 41,13) ? C’est à toute l’humanité qu’un jour le Sauveur dira : « Talitha koum », ce qui signifie « Jeune fille, lève-toi ! » Nous en avons déjà un avant-goût dans le baptême. Mais le passage de la guérison de la femme qui essuie des pertes de sang, intégré dans le récit de la résurrection, nous rappelle aussi que la guérison finale est déjà commencée dans notre vie quotidienne d’aujourd’hui. Ça peut prendre du temps pour que la puissance divine se déploie, mais nous ne devons jamais renoncer à notre espérance malgré la longueur de notre maladie et l’importance de nos fragilités. Notre vie présente est déjà semence d’éternité : « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même ».
La foi qui change le monde
Pour participer à la puissance de la vie, de la guérison et de la résurrection de Jésus, il y a une seule condition – y croire : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ». La foi, donnée librement, est la condition nécessaire et suffisante du salut. C’est une foi à laquelle n’importe qui peut accéder : Jaïre est un chef de synagogue, l’homme le plus recommandable qui soit, mais à l’autre bout de l’échelle sociale, si on peut dire, il y a cette femme, interdite de séjour en quelque sorte, car sa maladie entraînant des pertes de sang continuelles la mettait en état d’impureté légale. Il est bon de souligner que c’est à cette femme impure que Jésus parle de salut devant tous et qu’il la réintroduit dans la communauté. Cette guérison que procure la foi recrée le lien social et humain. Enfin, cette foi est audacieuse mais discrète à la fois.
C’est pour cela que Marc nous rapporte les consignes de silence données par Jésus après chacune de ses manifestations. Il ne s’agit pas de chercher à être vu et de sonner les trompettes, même celles de la puissance divine. Il s’agit bien plutôt de travailler pour le rétablissement de la dignité humaine de chaque personne, pour qu’en croyant en Dieu, chaque être humain expérimente la plénitude de la vie. Car, « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants ».
Édouard Shatov, augustin de l’Assomption
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