Représentation de Saint Augustin, docteur de l'amour, au Montmartre à Québec
Billet éditorial, dim., 23.06.2024
Monique Lortie MA phi
Saint Augustin, que j’aime bien, a écrit : « La mesure d’aimer Dieu, c’est Dieu lui-même. »
De même, et à la mesure, cette fois, de notre vie de tous les jours, nous pourrions dire à notre tour, que la mesure d’aimer l’autre, c’est l’autre lui-même.
Voilà un beau sentiment, mais combien il est difficile !
Un exemple : cette phrase qui marque la fin d’un amour : « Tu me déçois ».
En réalité, nous aimions une représentation mentale, une invention pure de l’imagination, un rêve. Et voilà qu’un jour, on se réveille.
Mais la question de l’amour se pose. Pour dire toute la vérité, j’aimerais qu’elle se pose. Savons-nous bien ce que c’est, vraiment, que l’amour ? Il me semble que cette question est grave.
Sinon, pourquoi tous ces poètes, toutes ces chansons, tous ces livres, populaires aussi bien qu’érudits ? Déjà, l’Ulysse d’Homère, il y a de cela 28 siècles était un modèle d’amour, qui pendant quelques vingt ans résista à toutes les séductions qui pouvaient l’éloigner toujours plus de son royaume et de Pénélope, son épouse. Elle-même résistant de son côté aux pressions de prétendants…
En même temps, ne faut-il pas s’étonner de que ce soit le chien qui le premier reconnut Ulysse à son retour. L’amour d’un chien ? « Méfiez-vous de ceux qui n’aiment pas les chiens », a dit un jour un de nos papes.
Il faut croire de cette question de l’amour est, au fond, bien obscure, trop obscure, peut-être, pour être laissée au premier humain venu. On en parle, on en parle, mais de quoi parle-t-on au juste ?
D’un autre côté, de quoi d’autre avons-nous vraiment envie ? Qu’est-ce qui compte dans la vie sinon le peu d’amour qui vient soudain et parfois enflammer notre cœur ?
Que dire de plus ? Que dire après les plus grands poètes ? On dit que l’amour se chante…
JEAN FERRAT :
« Que serais-je sans toi ? … »
BREL :
« Oh mon amour, mon tendre, mon merveilleux amour… »
JOE DASSIN :
« Et si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerais… »
CÉLINE DION :
« Pour que tu m’aimes encore, j’irai chercher ton âme dans les froids, dans les flammes… »
PIAF :
« Quand il me prend dans ses bras, qu’il me dit des mots d’amour, je vois la vie en rose. Il me dit des mots d’amour, des mots de tous les jours… »
Mais le meilleur, selon moi, restera le poète, FRANÇOIS VILLON, dans sa Balade des pendus, écrite en prison en attendant d’être mené à l’échafaud :
« Frères humains qui après nous vivez
N’ayez les cœurs contre nous endurcis
Ne soyez pas de notre confrérie
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre
Car si pitié de nous, pauvres, avez
Dieu en aura pour vous merci… »
– Une sorte d’ode à la charité chrétienne venue du 15e siècle. Comme quoi le cœur humain…
Bon été à toutes et à tous ! Priez Dieu que tous, il nous veuille absoudre.
Ne craignez pas