2 janvier 2022 Solennité de l’Épiphanie du Seigneur, année C – Matthieu 2, 1-12
Lectures de ce jour
Les Églises d’hier et d’aujourd’hui, celles d’Orient et d’Occident célèbrent Noël en diverses dates. Les unes célébraient ou célèbrent encore l’ensemble des « premières manifestations » de la divinité de Jésus – nativité, adoration des mages, baptême dans le Jourdain et noces de Cana – à la date approximative du solstice d’hiver le 6 janvier. Pour celle où nous sommes, en ce dimanche qui suit le 1er janvier, nous célébrons l’épiphanie du Seigneur et celle-ci m’apparaît comme manifestation de Dieu qui unit et des humains dans la diversité devant lui.
L’unité
L’unité est associée à la figure royale et elle se manifeste en l’enfant reconnu roi, bien qu’il ne soit pas aussitôt nommé. L’évangéliste Matthieu laisse entendre que les nations représentées par les mages, ces savants astrologues, reconnaissent en l’enfant la figure royale et ainsi la personne divine qui incarne l’unité du peuple. C’est assez paradoxal que cette reconnaissance provienne des étrangers alors qu’on est littéralement roi pour son peuple. Les Juifs semblent plutôt stupéfaits d’entendre parler de leur roi dont ils prennent connaissance par l’annonce des étrangers, puis par la littérature prophétique que leurs propres savants redécouvrent. Ils auraient même été prévenus par leur prophète Isaïe : « Debout, Jérusalem […], sur toi se lève le Seigneur. » Par une simple mention, ce Seigneur roi mobilise tout le peuple à s’unir. Ainsi, les grands prêtres et les scribes s’unissent autour du leader temporel du peuple, le roi Hérode. Tout Jérusalem est bouleversé avec celui-ci en apprenant au sujet de l’enfant qui vient de naître comme roi. Un autre roi serait, en fait, perçu comme un affront de destituer celui qui règne et l’unité serait menacée de péril ; mais qu’a ce titre porté par un nouveau-né pour faire trembler à l’unisson ? Que ce roi soit bouleversant, Israël semble oublier que le Seigneur est son roi ou refuse d’admettre ce roi tendre qui confie ses affaires aux autres et se retire. Pourtant ce roi en l’enfant réunit même des étrangers, savants en plus, et son étoile leur apparaît comme la lumière qui guide.
La diversité
L’enfant qui vient de naître manifeste alors la diversité au sein de sa royauté qui est en même temps pour les Juifs et reconnue par divers étrangers. C’est sûr que Matthieu donne une catéchèse sur l’appartenance des nations au Christ qui serait plus affirmée que celle des Juifs ou que ces « ayant droit » devraient admettre. Une invitation à adopter la « paganité » ? Plutôt à accepter la diversité. Comme l’apôtre Paul le déclare, « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile ». Littéralement, cette heureuse annonce est que les savants dans leur diversité s’abaissent devant l’enfant de la crèche et tout enfant, c’est-à-dire se mettent au service de la vie.
En somme, la célébration de l’épiphanie du Seigneur met au jour la diversité en Église et en humanité, nos refus de l’admettre ; aussi le refus d’être mobilisé par la tendresse et même par la fragilité associées à l’enfant Jésus. Cette célébration nous dit donc d’unir nos diversités en faveur de l’enfant proche ou éloigné, de la tendresse, de la vie et de l’avenir de tout cela. Comme chercheuses et chercheurs si diversifiés, puissions-nous centrer sans confusion nos projets sur l’enfant Jésus, donc sur toute forme de crèche ou de fragilité pour que la lumière en jaillisse, et qu’ainsi nous puissions continuer glorieusement notre route.
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste
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