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DÉSIRER D’UN GRAND DÉSIR

Dans notre pèlerinage à travers le temps, depuis le Mercredi des Cendres, 17 février, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Ce temps connaît une couleur et une tonalité particulière.

Tout d’abord, c’est le temps de renouveler le Désir ! Étonnante cette pensée en parlant du Carême ! On pense plutôt que, si cette période n’est pas consacrée à la suppression du désir, au moins, c’est le temps tout désigné pour réussir à maîtriser le désir qui nous habite. Parlons clairement : le carême est une occasion de discernement et de renouvellement du désir qui nous habite.

Le Carême invite à reconnaître et à redécouvrir ce lieu de l’intimité profonde avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes. Ce lieu sacré réside au plus profond de nous. Il arrive que ce territoire soit enseveli sous des soucis matériels et même spirituels, sous toutes sortes de besoins réels ou artificiels. Toutes ces préoccupations ne sont pas forcément mauvaises en elles-mêmes ; elles peuvent nous permettre d’avancer dans la vie. Cependant, ces réalités nous font parfois oublier que notre Désir le plus profond nous habite et nous échappe à la fois. Il s’agit du Désir de plénitude et de joie que nul ne pourra nous ravir.

Il nous faut consacrer des énergies pour un « ménage » dans notre vie. C’est en ceci que, précisément, consiste le temps du Carême : un temps pour la Mémoire du Désir de la plénitude et du Souvenir de la joie de l’origine. Et pour procéder à un tel ménage, il faut nous déconcentrer de nous-mêmes. Voilà une étrangeté ! En effet : pour nous retrouver en réalité, il faut nous déconcentrer de nous-mêmes. Nous sommes conviés à nous convertir, ce qui signifie littéralement « changer la perspective de notre regard et de notre agir ». Il s’agit donc de nous orienter vers ce qui nous humanise.

Peut-être vaut-il mieux dire qu’il faut tourner notre regard et nos actions vers « l’Être » qui nous humanise, l’Être qui nous permet d’atteindre les profondeurs insoupçonnées de notre vie humaine. C’est la présence réelle, incarnée d’une Personne qui bouleverse et change notre vie. C’est pour cela que le Carême est l’occasion de partager nos dons avec les autres (l’aumône), partager notre présence avec Dieu (la prière) et la limitation de nos appétits démesurés et même autodestructeurs (le jeûne).

L’ordre des choses nous est offert dans l’Évangile de Mathieu. Pour changer notre regard et notre manière d’agir, ouvrons notre cœur et nos mains. C’est ce regard actif et agissant de la miséricorde manifestée aux autres qui permet d’ouvrir les portes secrètes de notre communication avec Dieu dans la prière. Cette communication, où nous nous écoutons mutuellement, dessine les contours humanisants de notre propre identité et « coupe » tout ce qui en éloigne. Le Carême est une occasion de reconnexion avec l’essentiel et du renouvellement de l’Amour qui nous est offert.

Cette période nous pousse à nous poser quelques questions : Quels sont les désirs qui m’habitent ? Qu’est-ce qui m’humanise dans ma vie, dans mes relations ? Comment j’avance sur ce chemin de l’humanisation divine ?

Bon cheminement sur la route du Carême !!!

Édouard Shatov