Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Triomphe – échec – Victoire finale

Christ des Rameaux - Musée national du Moyen Âge
© Dirk Sachsenheimer, Christ des Rameaux, fin du XVe siècle, Allemagne du Sud, Musée national du Moyen Âge.

2 avril 2023             Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, année A

Lectures de ce jour

Nous entrons dans la Semaine Sainte, sommet de l’année liturgique ! Elle débute par un triomphe, et Jésus lui-même l’organise pour mettre en évidence sa royauté. Il envoie les apôtres « réquisitionner » la monture. Le pouvoir de réquisitionner est un pouvoir royal. Il arrive du côté du mont des Oliviers, car c’est par là que devait se présenter le Messie.

Contrairement à son habitude, Jésus accepte l’hommage de la foule qui l’acclame comme « celui qui vient au nom du Seigneur », i.e. le messie. Il se laisse porter par l’enthousiasme que suscite son arrivée. Il s’avance sur une monture, un âne, comme le prophète Zacharie l’avait annoncé et se présente comme un Messie humble venu pour servir. Il pénètre dans la ville pour libérer son peuple, sans armes et non par la force.

Jésus le sait : l’hommage de la foule dérange les autorités juives et romaines et va déclencher leur hostilité. Il n’ignore pas non plus que parmi ceux qui l’acclament, plusieurs ne comprendront pas pourquoi le Messie renonce à la force. Ils attendaient un leader fort qui manifesterait sa puissance en chassant l’envahisseur. Déçus, certains se joindront à la masse pour crier : « Crucifie-le ! »

L’accueil triomphal fut de courte durée et s’est transformé en un rejet total et brutal. La passion qui s’en est suivie semblait consacrer un échec. Toutefois, elle préparait une victoire moins bruyante et plus durable, une victoire définitive sur la haine, l’égoïsme et la mort elle-même par la résurrection.

Jésus a accepté la condition humaine jusqu’au bout, en donnant sa dernière goutte de sang et son dernier souffle pour nous. Mort sur la croix, Il assume ainsi toutes nos souffrances, nos limites, nos détresses. En le faisant, il défonce le mur de la mort pour entrer dans une vie nouvelle, la vie même de Dieu.

Aujourd’hui, la liturgie nous invite à partager la joie de la foule qui accueille Jésus. Comme elle, acclamons Celui qui répond à nos espérances d’un monde vraiment nouveau d’où seront bannies l’injustice, la violence, la guerre et toutes les formes d’esclavage ou d’oppression.

En reconnaissant dans la passion de Jésus l’amour inconditionnel et illimité du Père, nous sommes appelés à aimer comme lui et à donner notre vie, selon notre mesure, pour ceux et celles qui nous entourent, en particulier pour ceux et celles qui souffrent ou sont rejetés et désespérés !

À Pâques, nous célébrerons la Vie en plénitude à laquelle nous sommes appelés. La résurrection de Jésus anticipe la nôtre. Elle nous sera donnée non comme une récompense pour quelques bonnes actions, mais comme l’accomplissement de ce que nous sommes et que nous aurons commencé à vivre ici-bas, i.e. le don de nous-mêmes.
La semaine sainte nous le rappelle : notre vie sur terre n’est qu’un passage, un lieu d’apprentissage en vue de cette vie en plénitude que nous partagerons avec Dieu. Travaillons dès maintenant à notre propre résurrection et à l’accomplissement du projet de Dieu.

Ce qui va mal dans le monde pourrait nous décourager, comme le furent les disciples lors de l’arrestation et la passion de Jésus. Tout semblait s’écrouler. Le ressuscité leur est apparu et leur a communiqué son Esprit Saint. Alors ce qui apparaissait comme un échec total a été le point de départ de la renaissance du monde.

Nous ne sommes pas différents des hommes et des femmes qui acclamaient Jésus et peut-être aussi de ceux et celles qui l’ont ensuite rejeté. En toute humilité, rendons grâce et invoquons le Père qui nous a envoyé Jésus.

Marcel Poirier, a. a.