Aujourd’hui plus que jamais, nous nous retrouvons agités, en cette ère de « FAKE NEWS-FAUSSES NOUVELLES » ! Il s’avère plutôt ardu de discerner les décisions éclairées à prendre.
À cette constatation, une phrase tirée de la Genèse s’est présentée à mon esprit : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux ». (Gn 1, 1-2).
« … et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux ». Cette courte phrase passe souvent inaperçue dans nos traductions. Aviva Gottlieb Zomberg, une auteure fort compétente dans la littérature biblique, me fait découvrir la nécessité d’apporter davantage de nuances lors de la traduction de ce passage : « … et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus DU MURMURE des eaux ». Les éléments premiers de toute création, les eaux, celles de nos vies, sont constituées de plusieurs bruits, voix et silences. Des flots de murmures, pas toujours évidents, se présentent à notre cœur et à notre esprit… Le discernement est requis.
Le psaume 41 nous redit : « … l’abîme appelant l’abîme à la voix de tes cataractes ». Ce sont les abîmes de nos profondeurs qui établissent la communion entre nous. Mais avant tout, nous sommes invités à discerner les voix qui nous habitent. Ce sont les voix, les bruits et les silences qui soulignent la différence et l’étrangeté de l’autre. Puissions-nous prendre conscience que « l’autre », tout en partageant notre nature humaine, puisse être tout à fait différent de nous. Murmure et silence, silence et parole, parole et écoute, écoute et rencontre « cœur à cœur », voilà la séquence de nos rencontres avec notre prochain, avec Dieu et avec nous-mêmes. Avez-vous remarqué que nous baissons la voix et passons au registre du murmure lorsque nous livrons les éléments les plus intimes de nos vies ? Le ton de la prière devient le message que nous communiquons. Et c’est dans cet abîme de murmure que nous exprimons notre espérance, notre certitude de la grâce, de l’amitié et de l’amour.
Le temps de Pâques invite à renouveler les profondeurs de nos vies, à laisser l’abîme de Dieu écouter et parler à l’abîme de notre être, et vice versa. C’est en écoutant les murmures des deux abîmes que nous pouvons révéler les profondeurs de nos vies. Alors nous pouvons entendre ce qui suit, au psaume 41 : « Au long du jour, le Seigneur m’envoie son amour; et la nuit, son chant est avec ma prière au Dieu de ma vie ».
Édouard Shatov