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L’ACCUEIL AU CŒUR DE L’ÊTRE DE DISCIPLE

Le 7 septembre 2025      23e dimanche du temps ordinaire, année C – Lc 14, 25-33

Lectures du jour

«Être le disciple» – voici le thème principal du passage de l’évangile de Luc au chapitre quatorze qui est proposé à notre méditation. Toutes et tous, nous sommes appelés à être les disciples de Jésus Christ et à collaborer à la grande mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle; ce qui veut dire: annoncer que le monde est sauvé. Cela littéralement veut dire qu’avec la Résurrection du Christ dans le monde renouvelé que la miséricorde, la justice et la paix sont réalisables dès maintenant. Certes, d’une manière encore partielle, et toujours avec la grâce de Dieu, mais tout de même réalisables.

Pour être disciple, Jésus pose quelques repères. Ce sont des repères interpellant. Le premier est celui que nous pouvons appeler «la préférence» ou «l’ordre des priorités». Dans un des romans de Françoise Chandernagor «Vie de Jude, frère de Jésus», il y a cette demande d’une personne: suivre Jésus en disant qu’elle aime. Jésus accueille et reconnaît cette déclaration d’amour, mais il ajoute: «oui, je sais que tu m’aimes, mais est-ce que tu me préfères à tout?» “Préférer à tout!” – voilà une interpellation et une exigence. “Préférer à tout!” – c’est mettre de l’ordre dans nos priorités, ou autrement dit: donner la première place. Jésus d’une manière subtile, délicate, mais tout de même dérangeante nous demande: «qui tient véritablement la première place dans ta vie?»

L’évangile de ce dimanche nous propose et nous demande de donner la première place à Jésus-Christ, Dieu fait homme, pour nous révéler et nous donner le souffle de vie de Dieu dès maintenant et pour l’éternité. Dans le passage de l’évangile de ce dimanche, cette considération de préférence, il me semble, qu’elle est profondément liée au deuxième repère: porter notre propre croix. C’est un lien étonnant que fait Jésus. Si je comprends bien, au moins partiellement, ce que je lis, Jésus nous invite à accueillir humblement notre condition humaine – la nôtre et celle de notre prochain – avec toutes ses joies, mais aussi avec toutes ses peines. On sait bien que l’expression “porter sa croix” se réfère le plus souvent aux situations difficiles, aux situations de souffrance physique ou morale.

Alors, être disciple, donner la première place à Jésus c’est d’abord, et peut-être avant tout, de nous reconnaître tels que nous sommes et dans cette reconnaissance advenir au monde dans toutes nos richesses, mais aussi dans toutes nos complexités, en fait: être vrai, bon et beau. Cela inclut d’à accueillir notre prochain. Saint Paul dans sa lettre à Philémon l’exprime d’une manière étonnante et pour ma part très inspirante: “accueille-le comme ton frère bien-aimé”, on peut aussi dire: «comme “ta sœur bien-aimée”». C’est vrai pour l’accueil de notre prochain, c’est vrai pour l’accueil de notre propre appel ou vocation, c’est vrai aussi pour l’accueil de Dieu. En fait, il ne s’agit pas de réduire l’Autre – Dieu et mon prochain – à nos versions répulsives, souhaitables ou désirables, mais d’accueillir l’autre pleinement tel qu’il est.

Jésus nous rappelle que pour être disciples, nous sommes invités à saisir qu’être humble ce n’est pas d’être rabaissé, mais de nous accueillir dans toutes les complexités de nos richesses et nos pauvretés matérielles et spirituelles. Être humble – c’est se reconnaître tel qu’on est au moment présent, et s’ouvrir à la collaboration à la grâce et dans la force de l’Esprit de notre transfiguration pour devenir des êtres de communion, et à la fin de notre parcours terrestre entrer dans la plénitude de la vie et ressusciter au dernier jour dans l’Amour. L’Humilité guide vers l’accueil. L’accueil – vers la communion et la plénitude de l’être. Alors comme disciples: Osons Être!

Édouard Shatov, augustin de l'Assomption