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Ils ont prié ensemble

Billet éditorial, dim., 23.11.2025
Monique Lortie, MA phi (lortie.monique@gmail.com)

Ils n’ont rien signé. Rien déclaré. Ils ont simplement prié.

Cela pourrait sembler anodin à l’échelle du monde. Et pourtant, entre les mains jointes du pape, Léon XIV et celles du roi, Charles III, c’est une part de notre histoire chrétienne commune qui a respiré à nouveau. Une histoire marquée depuis près de cinq siècles par la blessure d’une séparation. L’Église d’Angleterre d’un côté, Rome de l’autre. Deux rameaux nés du même arbre, mais dont les branches semblaient irrémédiablement détournées.

Et voici qu’il y a trois ou quatre semaines, un vieux roi – un homme que l’âge a rendu plus silencieux que conquérant – s’approche d’un pape tout juste élu, encore étonné, peut-être, d’avoir reçu la charge de successeur de Pierre. Une rencontre fraternelle, dirions-nous. Pas pour débattre, pas pour s’expliquer. Mais pour se tenir là, ensemble devant Dieu. Cela peut paraître bien peu. C’est, en réalité, immense!

Dans cette prière partagée, il ne s’agissait pas de résoudre une divergence théologique. Mais de se reconnaître frères. Et ce geste-là, dans un monde saturé de paroles, a quelque chose d’immensément fort. Car ce geste nous enseigne, à nous aussi, quelque chose de fondamental: que la prière est plus souvent, et davantage, peut-être, un lien qu’un refuge.

Ne nous appartiendrait-il pas, à nous qui sommes heureux d’être chrétiens, de partager la nouvelle de cette rencontre improbable? Il peut arriver, toutefois, que le débat ne s’oriente plutôt sur le défi, trop moderne, trop brûlant, de la place des femmes dans notre Église. Ce serait, hélas, parler d’autre chose… d’important aussi, bien sûr. Mais ce serait, en réalité, refuser de se laisser toucher par le présent.

Ce que ces deux hommes ont fait, en silence, chacun peut le vivre à son échelle. Dans sa paroisse, dans son groupe d’amis, dans sa famille, dans ses blessures anciennes… Faire le premier pas. S’approcher. Oser. Prier ensemble, discrètement, généreusement, sans chercher à avoir raison. Il suffit d’un mot, d’une phrase… Oser! Il ne s’agit pas d’oublier les divisions, les écarts, les gouffres parfois. Mais de choisir, humblement, de ne pas laisser des traces amères gouverner l’instant.

L’unité visible viendra peut-être un jour. Mais il faut pour cela des semeurs de paix. Ce jour-là, à Rome, deux d’entre eux ont commencé. Le reste nous appartient…

Ps. Je veux, ici, remercier le père Marcel qui a été, dans un de ses Café Bonne nouvelle du mardi, celui qui nous a révélé ce plus que précieux événement tout à fait «improbable»!