Le 28 juillet 2024 17e dimanche du temps ordinaire, année B – Jn 6, 1-15
Une foule a suivi Jésus. Émerveillée par ses gestes de guérison et autres miracles. Le jour baisse et ces gens n’ont rien à manger. Les apôtres à qui Jésus en fait part, n’ont rien à partager, sauf 5 pains et 2 poissons dont dispose un jeune garçon. Alors Jésus fait assoir tout ce monde, prend les pains et les poissons et les multiplie pour apaiser la faim de 5,000 personnes.
Par ce geste spectaculaire, Jésus illustre le souci de Dieu pour combler nos besoins de base. Dès les origines, le Créateur avait placé Adam et Ève dans un jardin plein d’arbres fruitiers et de plantes comestibles. Plus tard, lors de la sortie d’Égypte, au désert, Il offre la manne comme nourriture. Plus tard encore, le prophète Élisée (cf. 1re lecture) multiplie les pains, etc.
Le pain représente la nourriture dont l’humain ne peut se passer s’il veut survivre. Satisfaire à ce besoin de base essentiel. Quand tous furent rassasiés, on a recueilli 12 corbeilles de pain : surabondance, mais aucun gaspillage.
« Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ce qui est bon et nécessaire à la vie ne doit jamais se perdre. Hélas, notre société en est une de gaspillage, et de gaspillage de nourriture. Scandale d’autant plus révoltant que plus de 780 millions de personnes, incluant vieillards et enfants, souffrent de la faim et 2 milliards d’individus vivent dans l’insécurité alimentaire, jamais sûrs du lendemain. Gaza, un cas parmi tant d’autres.
La foule, précise l’évangéliste, a suivi Jésus « parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. » Elle entretient des attentes terre-à-terre : être bien nourri et guéri quand la maladie ou les infirmités se présentent. Elle se prépare donc à enlever Jésus « pour faire de lui leur roi. »
La réaction de la foule en dit long notre humanité. Elle se contenterait volontiers de voir ses besoins primaires satisfaits. La tentation demeure forte d’en rester à ce niveau du confort personnel.
Nos sociétés jouissent d’une prospérité certaine. Paradoxalement, avec l’élévation du niveau de vie, la consommation d’antidépresseurs et de calmants augmente. Sans parler de l’accroissement des maladies mentales. Comme si le bien-être matériel provoquait un mal-être ; comme si le bien-vivre engendrait le mal de vivre. Étonnant ! Questionnant !
Le bien-être matériel ne suffit pas. L’aisance économique libère des préoccupations accaparantes de la survie. Cette liberté devrait nous permettre de satisfaire d’autres besoins, ceux du cœur, de l’esprit, de l’âme. Nous devrions voir notre bien-être matériel comme un apéritif, une entrée qui ouvre l’appétit à quelque chose de plus, à une rencontre avec l’auteur de toutes ces bonnes choses.
Se pose la grande question : au-delà de notre confort, que recherchons nous ? Qu’attendons-nous de la vie ? Saint Augustin affirme : « Tu nous as faits orientés vers toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. »
Anticipant les réactions de la foule, Jésus s’enfuit. « Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. »
Jésus ne vient pas remédier aux problèmes que les humains peuvent résoudre eux-mêmes. Lorsque nos attentes se limitent au bien-être matériel, Jésus se retire ; quand nous ne recherchons que nos aises, Il s’en va.
Jésus veut nous révéler la bonté du Père et nous faire goûter une nourriture qui répond à un autre besoin. Profitons de l’été pour satisfaire notre appétit pour le pain qui rassasie le cœur et apaise l’esprit.
Marcel Poirier, assomptionniste
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu