Le 9 novembre 2025 Dédicace de la Basilique du Latran, année C – Jn 2, 13-22
En cette fête de la consécration de la Basilique du Latran, les lectures nous aident à réfléchir, à méditer et à comprendre quelle est la vocation profonde de chacun et de chacune d’entre nous personnellement et en société.
Saint Paul nous le dit avec une simplicité et avec une clarté désarmante et saisissante: «Vous êtes une maison que Dieu construit.» Saint Paul nous rappelle que notre vocation, notre destinée et notre mission, c’est d’être le lieu où Dieu est accueilli et où Dieu se révèle pour accomplir son dessein d’Amour pour le monde, en agissant en chacun et chacune d’entre nous d’une manière personnelle et unique. Dieu se donne à nous comme «Dieu qui sauve!» Sauver quelqu’un, cela signifie le plus souvent le fait de soulager ou de délivrer de la souffrance, du danger, de la maladie; en fait cela veut dire apporter à l’autre l’accomplissement de son être, de sa vie en toutes ses dimensions. C’est pour cela que saint Paul ajoute: «La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celui qui s’y trouve: Jésus Christ.» Le dessin d’Amour pour chacun et chacune d’entre nous est manifeste en Jésus Christ. Or précisément, le nom «Jésus» signifie «Dieu qui sauve».
Dans l’Écriture sainte, ce nom de Dieu – Jésus – «Dieu qui sauve» est lié à un autre nom – «Emmanuel» – ce qui signifie «Dieu avec nous». Il est important de saisir la nuance dans ce vocable «Dieu avec nous». Ce nom nous révèle que Dieu n’est pas notre accusateur, Dieu n’est pas celui qui vient pour nous perdre, Dieu n’est pas celui qui est là pour nous faire peur. Jésus, Emmanuel, Dieu avec nous, nous révèle le Dieu qui est là pour nous défendre, nous consoler et nous encourager à vivre de l’Amour de Dieu, ce qui veut dire de vivre en plénitude. Reconnaissons-le: très souvent nos conceptions de Dieu sont animées de nos visions de peur, de calcul et de culpabilité mortifère. Précisément, la révélation de Jésus vient nous apporter la rencontre avec Dieu qui nous libère de tout cela. C’est probablement pour cela que Jésus tout au long de sa vie prononce cette exhortation que tous les Évangiles nous rapportent: «N’ayez pas peur!»
L’amour de Dieu nous épanouit et il nous rend féconds. C’est d’ailleurs de cela que nous parle le livre du prophète Ézékiel: «toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront… et leurs fruits ne manqueront pas». Dieu qui se révèle en Jésus est un Dieu qui nous rend féconds. Nous sommes invités à porter les fruits de la justice, de la réconciliation, de la grâce et de la paix. C’est seulement ces fruits qui peuvent nous guérir de la tristesse de notre monde qui se manifestent dans les détresses de la guerre, de l’injustice, de la solitude et de l’isolement. Quand Jésus dans l’évangile parle de son corps comme du «Temple de Dieu», et saint Paul nous rappelle que nous sommes «la maison de Dieu», la Tradition de l’Église essaie de nous dire que nous ne sommes pas seuls. Nous sommes intégrés par la force de l’Esprit Saint dans la vie de Dieu même. Rappelons-nous que l’Esprit habite en nous, et cet Esprit ne remplace pas la présence et les actions de Jésus, Dieu qui sauve, dans notre vie. L’Esprit Saint prépare la place pour Jésus, rend sa présence effective et nous seconde chaque instant de notre vie.
Rappelons-nous que nos vies, personnelles et en société, ce sont les lieux de la présence de Dieu même. Nous sommes les porteurs de Dieu et, la Résurrection de Jésus, du Sanctuaire de son corps, nous révèle que le monde est profondément transformé, et que nous sommes les collaborateurs de Dieu dans l’avènement de sa présence dans le monde.
Édouard Shatov, augustin de l’Assomption
