Le 26 octobre 2025 30e dimanche du temps ordinaire, année C – Lc 18, 9-14
L’Évangile de ce dimanche nous présente deux hommes en prière: un pharisien, fier de ce qu’il accomplit, et un publicain, lucide sur ses limites. On a souvent interprété ce passage comme une mise en garde contre l’orgueil. Mais aujourd’hui, j’aimerais que nous l’entendions autrement: comme une invitation à retrouver un équilibre intérieur, une paix du cœur, dans ce monde où l’on demande beaucoup de nous.
Nous vivons dans une société où la performance est une valeur forte, et à bien des égards, c’est une bonne chose. Nous voulons que nos institutions soient efficaces, que nos médecins soient compétents, que nos élus fassent bien leur travail. Nous sommes exigeants, parce que nous croyons au bien commun.
Mais parfois, sans s’en rendre compte, cette même logique s’installe dans nos vies personnelles. Nous cherchons à être de bons parents, de bons travailleurs, de bons citoyens. Et au milieu de tout cela, il arrive qu’on se demande: «Suis-je à la hauteur? Est-ce que j’en fais assez?»
C’est là que la parabole du pharisien et du publicain prend tout son sens. Le pharisien n’est pas un “mauvais” homme; il fait beaucoup de bien. Mais il a besoin de reconnaissance. Le publicain, lui, ne se compare pas. Il se présente simplement, avec vérité, devant Dieu. Et dans cette simplicité, il retrouve la paix.
Cette scène nous rappelle que la valeur d’une personne ne se mesure pas à sa performance, mais à la qualité de son cœur. Être présent, sincère, attentionné: voilà ce qui rend nos vies fécondes. Je pense à tous ceux et celles qui, chaque jour, donnent sans chercher les projecteurs: les proches aidants, les bénévoles, les éducatrices, les gens du milieu communautaire, les soignants. Leur action est précieuse, non parce qu’elle est parfaite, mais parce qu’elle est habitée.
Être performant n’est pas un problème; c’est une qualité, quand elle est accompagnée d’humanité. Le défi, c’est de garder le cœur ouvert en agissant. D’unir la rigueur et la compassion, l’efficacité et la bienveillance.
C’est là, je crois, que se joue la vraie spiritualité : dans ce fragile équilibre entre agir et être, entre efficacité et présence. C’est dans cette harmonie que Dieu se laisse reconnaître, dans le regard posé avec douceur, dans la main tendue, dans le moment où l’on se retrouve simplement humain.
L’Évangile de ce dimanche n’est pas là pour nous juger, mais pour nous réconcilier: avec nous-mêmes, avec les autres, avec la Vie. Il nous invite à déposer le fardeau des comparaisons, à respirer un peu, à redécouvrir la paix d’être vrais, ensemble.
Que cette parole nous aide à bâtir un monde où la performance et la tendresse marchent côte à côte, où l’efficacité se conjugue avec la bonté, et où l’humanité demeure notre plus belle réussite.
Jean-Bosco Kambale Kanyama, assomptionniste

Dieu serait-il un gynécologue ?