Le 12 octobre 2025 28e dimanche du temps ordinaire, année C – Lc 17, 11-19
La reconnaissance et la gratitude ne sont pas des réflexes innés. Très tôt, les parents doivent enseigner à l’enfant les mots «s’il vous plaît» et «merci». Ils devront les répéter souvent avant que leur rejeton comprenne que tout ne lui est pas dû.
À l’âge adulte, le réflexe de considérer les choses comme un dû semble refaire surface. Parfois même avec ceux qui nous sont les plus proches, comme avec le conjoint, le frère, l’ami, etc… Étrange. L’accoutumance peut même rendre insensible aux gestes gratuits de ceux et celles qui nous entourent. On arrive à les prendre pour acquis.
L’étranger, hors de son milieu naturel, sait que rien ne lui est dû. Tel le Syrien Naaman dans la première lecture d’aujourd’hui, guéri de sa lèpre par le prophète Élisée. Tel aussi le Samaritain de l’Évangile, qui, avec neuf autres lépreux, a obtenu de Jésus la guérison.
Naaman comprend qu’une telle faveur obtenue par l’intercession du prophète, il la doit au Dieu d’Israël. Le prophète refuse ses cadeaux. Pour exprimer sa gratitude il veut offrir des sacrifices au Dieu d’Israël. Suivant les croyances du temps où chaque Dieu a son territoire, il emporte un peu de la terre du pays dont le Dieu est à la fois puissant et bienveillant.
Cet épisode, plusieurs siècles avant Jésus, révèle clairement que Dieu dispense ses dons au-delà des frontières du peuple élu.
Le Samaritain de l’évangile mesure lui aussi l’énormité de la faveur obtenue. La lèpre, maladie alors inguérissable, faisait de la personne un mort vivant. Le lépreux devait vivre à l’écart, coupé de sa famille, incapable de pratiquer sa religion et en outre soupçonné de quelque péché grave.
Les dix lépreux ne demandent pas la guérison. Ils crient simplement: «Jésus, Maître, prends pitié de nous!» Ils croient en sa parole et lui obéissent en allant trouver les prêtres qui constateront officiellement leur guérison.
Un seul, le Samaritain, revient remercier Jésus, reconnaissant en lui l’auteur de sa guérison. Les neuf autres, heureux de reprendre une vie normale, s’empressent de faire reconnaître leur guérison, oubliant Celui qui les a guéris. Le Samaritain, lui, comprend qu’une telle faveur vient de Dieu et reconnaît en Jésus l’envoyé de Dieu.
Jésus, en guérissant le Samaritain manifeste que Dieu étend sa bienveillance à tous les humains sans exception, y inclus aux Samaritains perçus comme ennemis. Jésus s’étonne que seul le Samaritain, l’étranger, soit venu rendre grâce à Dieu. Les plus choyés sont souvent les plus ingrats.
Et nous? Savons-nous reconnaître que nous tenons tout de Dieu pour l’en remercier? Savons-nous encore dire Merci au Seigneur et aux autres?
Lors de l’eucharistie nous rendons grâce pour tout. Que notre communion ce matin éveille notre reconnaissance envers le Seigneur et envers notre entourage.
Marcel Poirier, assomptionniste

Un Cœur Bienveillant