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LA JOIE QUI SURPREND ET GUÉRIT

3 juillet 2022            14e dimanche du temps ordinaire, année C – Luc 10, 1-12.17-20
Lectures de ce jour

De quoi devons-nous nous réjouir dans notre vie ? Où devons-nous chercher la source de notre réjouissance et de la joie profonde, à ne pas confondre avec la jouissance émotionnelle et sensuelle ? Ce sont les interrogations que nous propose de méditer l’écoute de la Parole de Dieu tirée de dixième chapitre de l’Évangile de Luc.

Le Désir de la Joie

Toute recherche, même celle du bonheur, commence par la poursuite et, dans le meilleur des cas, par la reconnaissance du désir qui nous habite. Notre désir met en mouvement toute notre vie et nous pensons que c’est l’accomplissement de nos désirs qui nous rend heureux et heureuses. Et il arrive assez souvent que le malheur vient comme un manque d’accomplissement des désirs qui nous habitent. Et voilà que nous sommes lancés, voire « précipités frénétiquement et à l’aveuglette », à cette poursuite de la réalité de la vie dans laquelle se trouve cette chose énigmatique et cachée qu’on appelle le bonheur. Et le signe de ce bonheur que nous recherchons, c’est la joie que nous pouvons éprouver comme au jour de la moisson. « La moisson est abondante », mais en quoi consiste-t-elle et qui va moissonner ?

La Découverte de la Joie

Dans l’Évangile, Jésus nous redit que l’accomplissement du désir, l’accomplissement de la moisson, se trouve et prend sa racine dans la prière. « Priez donc ! » – c’est un constat et une invitation. C’est aussi un rappel que la quête de la joie et du bonheur ne se trouve pas dans l’activisme effréné ni dans une vie vécue à la course. La véritable quête de la joie et le véritable agir, qui changent le monde et qui apportent une nouveauté véritable sont toujours ceux qui sont enracinés dans le recueillement, dans l’attention et dans la contemplation. Quand on dit « prier » – ce sont des mots qui nous viennent spontanément à l’esprit. Jésus aussi nous apporte une nuance importante : « Priez donc le maître de la moisson ». La prière dont Jésus nous parle n’est pas une prière repliée et refermée sur soi, ce n’est pas une prière autoréférentielle. C’est une prière ouverte vers le maître de la moisson. C’est une prière de l’accueil du don, et de l’hospitalité offerte à l’autre. Et ce maître de la moisson c’est Dieu révélé en Jésus. C’est une révélation surprenante et inattendue. Dieu se révèle comme le dit saint Paul sur la croix de Jésus Christ.

L’Épreuve de la Joie

Dans cet événement surprenant, bouleversant, voire même scandalisant, Dieu se révèle comme celui qui nous aime jusqu’au bout, et qui traverse avec nous et pour nous par amour toute difficulté et toute épreuve. Même s’il s’agit de la souffrance et de la mort, Dieu nous révèle qu’en Jésus il traverse cela pour nous en délivrer ultimement.
C’est peut-être pour cela que Jésus rappelle à ses disciples que la mission ne se réalise pas par la force de « l’avoir », et c’est pour cela que nous sommes invités à nous désencombrer de tout ce qui nous empêche d’apporter la paix. Il ne s’agit pas non plus de se réjouir des pouvoirs qu’on peut exercer, même si les disciples ont reçu des pouvoirs pour participer à l’œuvre salvifique du Christ et être pleinement les collaborateurs de Dieu.

L’évangile de ce dimanche nous rappelle tout simplement que la source de joie et du bonheur, la source de la santé spirituelle et physique ne se trouve ni dans « l’avoir » ni dans l’exercice mécanique du pouvoir, elle se trouve dans la relation avec Dieu et notre prochain. Le mot « Paix » désigne précisément cela, la relation de plénitude et de l’accomplissement, la relation qui ne nie ni les difficultés ni les souffrances, mais qui les traverse dans la compassion et dans l’amour.

Retenons cela et essayons de le vivre au quotidien.

Édouard Shatov, assomptionniste