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Spes non confundit – Cette espérance qui ne trahit pas

Billet éditorial du dimanche 12.10.2025
Monique Lortie, MA, phi (lortie.monique@gmail.com)

Il y a dans certaines langues dites mortes une vie que nos mots modernes peinent à contenir. Le latin, avec sa densité et sa pudeur, dit parfois davantage en trois mots plus qu’un long discours. Ainsi, cette phrase de saint Paul choisie par le regretté pape François pour être le thème de l’Année sainte 2025, Spes non confundit: L’espérance ne trahit pas.

Mais ce que la traduction ne rend pas toujours clairement, c’est le poids du verbe latin, confundere. Ce verbe ne parle pas seulement du fait d’être un peu déçu, mais bien plutôt d’être jeté dans la honte, plongé dans la confusion, abandonné dans l’absurde d’une attente qui n’a mené nulle part.

Comme celui qui, ayant espéré la rencontre contre toute espérance, se retrouve seul au rendez-vous, les mains vides et le cœur en miettes.

L’espérance chrétienne, avait dit Paul (Rom 5,5), ne fait jamais cela. Elle ne nous laisse pas tomber, elle ne tourne jamais en dérision notre attente. Elle ne plonge pas dans le ridicule celui ou celle qui a cru.

Toutefois, il ne s’agit pas ici d’un simple espoir humain – incertain, fragile, exposé au vent des circonstances. L’espérance, cette vertu dite «théologale», n’est pas un acte insensé. Elle est confiance forte, enracinée dans la fidélité d’un Autre. Elle croit qu’au-delà de ce qui se voit, de ce qui se mesure, Quelqu’un tient parole. Même dans le silence, même dans la nuit la plus obscure.

Et c’est peut-être là que le mot latin «parle» avec le plus de force. Spes non confundit devient une «déclaration» intime et forte d’espérance.

Une expérience chrétienne, comme têtue, au sein même du doute dans lequel nous sommes plongés.

«Non, je ne serai pas trahi par mon Dieu.» «Non, je ne serai pas abandonné dans mon malheur.» Non pas un sentiment, mais la certitude ancrée d’une Présence. Non pas une promesse vague, mais une alliance qui fait sens.

Alors, même si rien ne change pour moi, même si l’hiver vient, je continue d’espérer de cette Espérance gravée dès ma naissance dans mon cœur. Non pas, non plus, parce que je suis forte ou fort, mais parce qu’Il est fidèle.

Or, c’est cette espérance là que l’année sainte – qui s’achève bientôt – nous exorte à «cultiver».

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Pour le dire avec des mots de l’auteur que nous aimons bien, n’est-ce pas, Georges Bernanos: «L’espérance est un désespoir surmonté.» Elle ne naît pas à côté du désespoir, mais à travers et en lui.

Les choses de Dieu sont souvent pour le moins «étonnantes»!

Et vous, qu’en pensez-vous?