Billet éditorial du dimanche, 5.11.2023 Monique Lortie, M.A. phi
« Et alors, avez-vous fait bon voyage ? » demandons-nous avec davantage de bienveillance, davantage de politesse que d’intérêt à quelqu’un qui rentre chez lui après être parti en voyage. C’est aussi ce que nous demanderons dans trois semaines à des amis québécois qui partaient pour le Moyen-Orient la semaine dernière en un voyage organisé, formule 5 étoiles « tout compris » bien entendu.
Mais là-bas, ne savez-vous donc pas que c’est la guerre, une guerre des plus sauvages ? – En effet, mais, nous, a-t-on dit le regard clair, « comprenez-nous, nous avions acheté nos billets à l’avance, on ne veut pas les perdre. ».
Toutefois, on ne craint rien, il y aura, là-bas, des destinations que nous contournerons tout simplement. « Y a donc rien à s’inquiéter ». Rien ? ?
En somme et dit autrement : « Nous, on laissera ces gens s’entredéchirer, s’égorger, se décapiter ; nous, on ne veut pas penser à ces enfants effrayés, à ces familles décimées, ces civils sans toit qui fuient pour aller nulle part. Cela ne nous concerne pas. Nous, nous sommes en voyage, nous sommes en vacances. Nous n’irons pas sur les lieux de la guerre, tout simplement.»
N’est-ce pas un tantinet scandaleux, voire obscène ?
Rentrer au pays ou à la maison, retrouver son foyer, sa terre, son travail