29 octobre 2023 30e dimanche du temps ordinaire, année A – Mt 22, 34-40
Lectures de ce jour
Des Pharisiens entrent en dialogue avec Jésus pour lui tendre un piège. De tous les commandements de Dieu, lequel est le plus grand ? Jésus va citer un verset du Deutéronome (6, 5) que tout Juif récite matin et soir : « Tu Aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. » C’est ce qu’on appelle le Shema Israel, une profession de foi au Dieu unique. Jésus rapproche celui-ci d’un autre verset tiré du livre du Lévitique (19, 18) : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
En donnant à chacun d’eux la même importance, il fait du commandement de l’amour de Dieu et du prochain, le cœur même de toute la Loi et des prophètes. En quelque sorte, voilà l’essentiel: faites cela et vous serez justes, dirait Jésus.
Qu’est-ce qu’il y a de si nouveau dans cet enseignement ? Il faut se souvenir que les Pharisiens, au fil des siècles, avaient codifié la manière de vivre ces commandements en 613 préceptes (248 étaient positifs et 365 négatifs, donc des choses à éviter). Cela avait rendu la vie difficile à tout Juif observant ; il y avait toujours moyen d’avoir échappé à l’un ou l’autre précepte au quotidien et ainsi de rendre impossible la fidélité totale à la Loi de Dieu.
Tout en contraste, Jésus unifie l’amour de Dieu et du prochain comme étant l’essentiel de la vie spirituelle. Bien plus, Jésus n’avait-il pas dit : « Venez à moi, vous qui peinez et ployez sous le fardeau (les 613 préceptes !) ; moi, je vous donnerai le repos. » (11, 28)
Jésus recentre ainsi la démarche religieuse de tout croyant : l’amour est au centre de toute démarche de conversion. Aimer Dieu, s’aimer soi-même comme image de Dieu et aimer son prochain comme soi-même. Attention, dans l’Ancien Testament, l’amour du prochain se limitait à aimer et respecter son co-religionnaire, un autre Juif, avec l’exception qu’il fallait aimer ‘l’étranger vivant parmi nous’. Pour les autres nations, on n’avait que mépris. D’où la nouveauté du message de Jésus qui fait bon accueil aux publicains et aux pécheurs, qui loue la foi de la Cananéenne et du centurion romain, des païens. Jésus va plus loin : aimez vos ennemis ! La marche est haute et lorsqu’il écrit son évangile, Matthieu a devant lui une communauté qui a peine à vivre ce double commandement de l’amour, tout comme nous aujourd’hui.
Pour aimer vraiment, il faut reconnaître tout d’abord que nous sommes aimés de Dieu, lui qui connait notre faiblesse et voit nos efforts pour nous dépasser, être à notre meilleur. Il faut aussi apprendre à pardonner, à soi-même d’abord et à ceux qui nous entourent.
L’amour nous rend vulnérables mais sans cette vulnérabilité il n’y a pas d’amour possible : il n’y a qu’un masque qui fait barricade et empêche l’autre de voir le fond de notre cœur. Jésus en croix est le plus vulnérable de tous et ainsi son amour pour nous est sans limite. C’est sur la croix que tous nos péchés sont pardonnés et que notre dignité de fils et de filles de Dieu est restaurée.
Rendons grâces à Dieu qui nous apprend ainsi comment aimer vraiment et dépasser ce qui souvent, au plan humain, nous empêcherait d’accéder au meilleur de ce qui vient du fond de notre cœur.
P. Gilles Blouin, assomptionniste