Billet éditorial du dimanche, 29.10.2023
Monique Lortie, M.A. phi
Alors que la pointe du jour se lève et pour nous, l’acte humain de nous lever, quelle que soit l’heure, est toujours un recommencement.
Sous l’apparent chaos, les cycles de la nature se déploient en mouvements réguliers : chaque matin, le soleil se lève et chaque soir, il décline à l’horizon sans que ce phénomène ne dépende d’aucun décret humain.
Et surtout, sans que ni même nous nous en étonnions.
Comme les tempêtes, comme la pluie, comme la neige, comme la chute des feuilles devenues par elles-mêmes multicolores, et comme le changement des saisons. Comme la mort, aussi.
Et surtout, sans que nous ne nous en étonnions.
Cela arrive parce que cela arrive, pas autrement et nous n’y pouvons rien : ce mouvement arbitraire du monde, nous ne l’avons pas choisi et nous n’en sommes pas les maîtres.
Arbitraire ? Pourtant, avec les Grecs d’autrefois, n’appelons-nous pas, nous aussi, « cosmos » cette profusion et ces mouvements ? De même que l’ordre admirable qui y règne ?
Chaque lever du jour apporte ainsi ses plaisirs habituels : savourer une gorgée d’eau fraîche, un citron chaud ou une tasse de thé dans le silence confiant du jour qui commence.
Bien sûr nous ne sommes pas dupes, ni naïfs. Nous savons bien que des choses se sont terminées hier, qu’il y a eu, qu’il y aura encore des ruptures, des défaites.
Mais un matin nouveau, après que le soleil se soit levé, puis couché, après qu’il y eût un soir et qu’il y a un matin. Un matin toujours nouveau qui annonce toujours l’avènement de choses nouvelles.
Souvent, ces choses nouvelles sont imperceptibles et échappent à notre attention – parce que les grands commencements s’annoncent souvent ainsi dans le « fracas d’un chuchotement ».
Mais cet avenir toujours fuyant et pourtant toujours implacablement recommencé devrait pourtant, avec un peu d’attention, de prudence et de sagesse, devrait, dis-je, nous interpeler :
« L’avenir, avait dit le grand Bergson, n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire. »
L’avenir, ne serait-il pas, au fond, une occasion quotidienne pour qui veut viser à devenir plus grand que soi ?
(Une méditation inspirée des réflexions de la philosophe Pascale Seys)