
Image par Gerd Altmann de Pixabay
22 octobre 2023 29e dimanche du temps ordinaire, année A – Mt 22, 15-21
Lectures de ce jour
En 1975, le groupe anglais Pink Floyd avait sorti un album dont l’un des titres était « Wish you were here ». La chanson commence par une question qu’on peut librement traduire en ces termes : « Tu penses pouvoir distinguer le paradis de l’enfer, le ciel bleu de la douleur ? » Tout en mentionnant la possibilité d’opérer une distinction, ces paroles des artistes pointent vers la possibilité de retourner des situations malsaines et de nommer les retournements qui peuvent advenir. C’est en effet une telle démarche que Jésus s’emploie à réaliser.
L’évangile relate la manière dont Jésus déjoue une attaque dont il est la cible. Tout se joue sur le plan de la parole et de l’action. Il est d’abord question d’un groupe délégué auprès de Jésus avec un objectif précis : « prendre Jésus au piège en le faisant parler ». Ce groupe lui adresse la parole en le désignant comme un « maître » qui est « toujours vrai ». En réponse au piège de la parole qui lui est tendu, Jésus entreprend une démarche qui comporte des paroles et des gestes et qui aboutit à la transformation de la situation initiale. Il nomme d’abord ses adversaires et leur tentative avec des mots justes : ils sont des « hypocrites », c’est-à-dire des gens pervertis, qui essaient de le « mettre à l’épreuve ». Ensuite, il déplace l’interaction entre lui et eux du plan de la seule parole pervertie et coincée dans un dualisme à celui où interviennent la parole et l’action. Le détour par l’action (le geste de montrer la monnaie) permet alors de sortir du rapport de piège et d’hypocrisie et d’initier un dialogue et un discernement d’ordre « synodal ». Cette démarche ouvre un espace où se déploient des paroles et des gestes qui tendent à l’authenticité et où il est possible de construire et de vivre des relations d’entente et de paix.
À travers le retournement de situation qu’il opère, Jésus fait passer d’un contexte conflictuel à un contexte d’harmonie. Il fait sortir d’un contexte de paroles et rapports biaisés à celui où émergent et prennent cours des paroles, des gestes et des relations qui se voudraient sincères. Il renonce à un affrontement duel et fait émerger la paix. Ou, pour paraphraser les mots des artistes, il distingue et rend effectif le paradis là où règne l’enfer.
Qu’adviendrait-il à nous aujourd’hui si nous laissions Jésus retourner ce qui, en nous, relève de l’hypocrisie et du goût pour le mal ? Qu’adviendrait-il dans nos vies personnelles et collectives si nous le laissions nous entraîner à dire des paroles de grâce et à poser des gestes de paix ?
Pacifique Kambale Tsongo, assomptionniste