© Zairon, Genova Basilica di Santa Maria delle Vigne Interno Cupola
8 octobre 2023 27e dimanche du temps ordinaire, année A – Mt 21, 33-43
Lectures de ce jour
Tout porte à croire que Jésus blâme les grands prêtres et les anciens du peuple ainsi que celles et ceux qu’ils représentent aujourd’hui. Ils sont tentés de mettre la main sur Dieu, comme ils le font entendre en demandant à Jésus : « par quelle autorité fais-tu cela ? » Ils oublient leur condition d’envoyés, de gérants des biens de Dieu et perdent ainsi la crédibilité à son égard.
Regardons comment l’interpellation de Jésus aide à cultiver la crédibilité comme une assurance vie. Imaginons cette crédibilité comme la côte de crédit à partir de la parabole dite des vignerons meurtriers. Le propriétaire du domaine apparaît comme le préteur qui donne du crédit à d’entrepreneurs. Leur capital ou potentiel les rend crédibles aux yeux du prêteur. Comme pour la côte de crédit, les vignerons de la parabole sont supposés obtenir des points en utilisant de façon responsable les biens reçus. De même, des humains qui croient que Dieu leur prête la vie estiment être appelés à la fructifier tout en rendant grâce à ce Dieu.
La crédibilité apparaît capitale pour les croyants qui se montrent en quelque sorte redevables envers Dieu leur prêteur. L’histoire du salut enseigne que Dieu lui-même fait preuve de crédibilité en tenant ses promesses. C’est ainsi qu’il augmente sa côte de crédit alors qu’il fournit à tout le monde des biens nécessaires. Comme lui, les disciples de Jésus travaillent leur crédibilité à l’égard de leur maître. Ils prennent au sérieux ses paroles testamentaires qu’ils tâchent de mettre en œuvre de diverses manières. Ils se croient notamment responsables de pourvoir des biens nécessaires aux plus démunis, et cela leur fait plaisir comme disciples en pensant toujours au Seigneur Jésus qui les envoie. L’apôtre Paul se dit être une personne à plaindre s’il n’annonce pas l’Évangile.
Quant aux vignerons de la parabole, ils sont tentés de s’emparer des biens du prêteur et se montrent insouciants de leur côte de crédit. Cette insouciance peut avoir deux explications. La première, c’est que les vignerons sont simplement portés par un souffle de leur temps qui les amène à dénier leur condition de missionnaires. S’en remettre à quelqu’un semble révolu pour eux, alors que mettre la main sur l’autre devient une norme. Ils rappellent le peuple de Dieu qui a souvent rompu l’alliance avec lui, prétendant se développer sans lui qui semble faible et peu crédible.
Une deuxième explication c’est ce que le philosophe français Alain Finkielkraut appelle l’ère de l’ingratitude. On dirait que depuis la crise de l’autorité, l’on refuse de reconnaître la précédence de peur de lui dire merci et ainsi de se soumettre à elle. Curieusement, les insouciants en crédibilité qui abusent de l’autorité veulent en même temps s’emparer des choses. Comme Jésus le fait remarquer, ils se privent eux-mêmes de ces choses qui passeront aux crédibles et ceux-ci servent de pierre d’angle. En réalité, Jésus ne les blâme pas, mais il les met face à une évidence selon laquelle il y a toujours un maître quelque part et que c’est pure illusion de prétendre le nier ou l’enjamber. Au lieu de s’enfermer dans leur incrédibilité, ils auraient à gagner en s’assumant comme missionnaires et en cultivant la crédibilité jusqu’à la gratitude. Comme disait un formateur religieux, « on ne perd rien en obéissant », la crédibilité apparaîtra toujours bénéfique.
Les disciples missionnaires de Jésus dépassent continuellement la tentation de mettre la main sur Dieu ou de lui donner des coups de pied. En le reconnaissant comme étant leur père, bien qu’invisible, et par leur charité universelle, ils se montrent crédibles à son égard et ainsi ils prolongent sa main généreuse. De cette façon, la vigne du Seigneur portera continuellement du fruit et la gloire de Dieu s’étendra d’âge en âge.
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste
